A chaque fois que l'escalade monte entre le Maroc et l'Algérie, les yeux se tournent très vite vers la France afin d'apaiser les tensions. Le déplacement de Abdelkader Messahel à Paris et la réunion entre le roi Mohammed VI et le président Macron donnent du crédit à une médiation française entre les deux frères-ennemis. Juste après avoir prononcé, hier, un discours devant les participants à une réunion sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique, le chef de la diplomatie algérienne s'est envolé pour Paris. Au Quai d'Orsay, Abdelkader Messahel s'est réuni avec son homologue Jean-Yves Le Drian. Les discussions ont porté sur «la situation dans la région, notamment les crises au Mali et au Sahel, ainsi qu'en Libye, tout comme ils ont échangé leurs analyses sur la lutte contre le terrorisme et son financement», indique l'APS. «La question du Sahara occidental a également été évoquée au cours des entretiens entre les deux parties», ajoute l'agence de presse officielle. Une médiation française pour éviter les frappes aériennes Il y a quelques jours, une source proche du dossier a confié à Yabiladi que «la France mène une médiation entre le Maroc et l'Algérie en vue de désamorcer les tensions suite aux incursions répétées du Polisario dans les zones tampons». La concomitance du déplacement de Messahel à Paris avec la pression diplomatique et militaire du royaume serait de nature à donner du crédit à cette information. «Les Algériens tentent par tous les moyens d'éviter des frappes, notamment de l'armée de l'air marocaine contre les positions du Polisario à Bir Lahlou ou près de Mahbas. Il compte sur la France, le grand allié du Maroc, pour le convaincre d'écarter la solution militaire», ajoute la même source. Quelques heures avant de recevoir le roi Mohammed VI, le président Macron se réunira avec son ministre des Affaires étrangères, Le Drian. Prolongations Le séjour parisien d'Abdelkader Messahel devra se poursuivre jusqu'à demain. L'Algérien séchera alors la cérémonie de clôture, ce mardi, des travaux de la Conférence sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique, organisée par son département. Il ne devrait quitter Paris qu'après avoir pris connaissance des résultats de la médiation française au terme des discussions entre Mohammed VI et Macron. En attendant, il occupera sont emploi du temps parisien par l'animation de deux conférences : la première au siège de l'UNESCO portant sur «la journée internationale du Vivre ensemble en paix» et la deuxième à l'IFRI (Institut français des relations internationales) sur le thème «Contre le terrorisme et l'extrémisme, la déradicalisation : l'expérience algérienne». Il fera également un passage sur la chaîne France 24. Le vendredi 6 avril, la publication Middle East Eye avançait que les Marocains auraient informé les Algériens «par un canal diplomatique qu'il interviendra militairement au Sahara occidental si les forces sahraouies ne se retirent pas de la zone située à l'est du mur de défense». La publication en ligne qui cite «une source diplomatique» à Alger précise que l'intermédiaire serait «un ambassadeur d'un Etat européen».