Les acteurs associatifs ont fait savoir leur mécontentement, tandis que le Premier ministre a défendu ce qu'il considère comme le volet humaniste de la politique migratoire du gouvernement. Il n'était pas encore dévoilé qu'il suscitait déjà la controverse ; sa présentation aujourd'hui n'aura pas modéré les débats. Le ministre français de l'Intérieur Gérard Collomb a présenté, ce mercredi en Conseil des ministres, son projet de loi sur l'asile et l'immigration. Début janvier, l'ancien maire de Lyon l'avait jugé «totalement équilibré», rappelle l'Obs, estimant qu'il «[reprenait] deux grands principes : la France doit accueillir les réfugiés, mais elle ne peut accueillir tous les migrants économiques». La proposition se décline en trois volets : l'asile et l'accueil, la lutte contre l'immigration irrégulière et le séjour et l'intégration, précise la radio RTL. Elle prévoit, d'une part, d'«amplifier la réduction des délais de procédure d'asile», de «renforcer l'effectivité et la crédibilité de la lutte contre l'immigration irrégulière» et de «simplifier le droit au séjour» des étrangers en situation régulière, d'après le texte dans sa version soumise au Conseil d'Etat. Mécontentements L'objectif escompté, à travers ce projet de loi, est principalement de réduire à six mois le délai d'instruction de la demande (recours compris), contre environ onze actuellement. Une réduction de 120 à 90 jours du délai pour déposer une demande d'asile après l'entrée est ainsi prévue. Passé ce délai, le dossier sera traité mais pourra l'être «en procédure accélérée» pour faciliter la reconduite à la frontière pour les personnes déboutées. Reste que certains axes crispent la société civile, notamment le délai de détention dans les centres de rétention administrative de 45 jours à 90 jours, voire 135 si «obstruction». Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade, s'expliquait sur la radio RFI : «Allonger la durée de la rétention à 90 jours, c'est prendre le risque de renforcer la maltraitance et les difficultés que peuvent rencontrer ces personnes dans le centre de rétention qui vont le percevoir plus comme une punition que comme autre chose.» Signe que ce panel de mesures passe mal, deux syndicats de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), Asyl et la Confédération générale du travail (CGT), ont appelé les agents à la grève ce mercredi, après ceux de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) la semaine dernière, selon Libération. Le mécontentement des acteurs associatifs s'est répandu jusque sur les réseaux sociaux, certains internautes n'hésitant pas à ironiser sur «l'unanimité» recueillie par Gérard Collomb. Gérard Collomb Un ministre qui fait l'unanimité#LoiAsileImmigration pic.twitter.com/N3YMwZDMAZ — Guillaume Blardone (@gblardone) 21 de febrero de 2018 Conjuguer intégration et emploi A rebours de ces moqueries, le Premier ministre Edouard Philippe a défendu ce qu'il considère comme le volet humaniste de la politique migratoire du gouvernement, indiquant que ce dernier «reprendra les grands axes des propositions» du rapport remis lundi 19 février par le député Aurélien Taché sur l'intégration des étrangers. Celui que le journal Le Monde présente comme «le visage social de la politique migratoire» a élaboré «72 propositions pour une politique ambitieuse d'intégration des étrangers arrivant en France», selon le quotidien. Il suggère notamment la mise en place de «parcours» pour les 130 000 personnes qui s'installent chaque année en France et ont vocation à y rester, qu'ils soient réfugiés ou non. Aurélien Taché souhaite également conjuguer intégration et emploi : il préconise «une contractualisation entre l'Etat et les branches professionnelles» et une autre avec les primo-arrivants entrant «dans un parcours intégré qui les conduit vers un emploi et un logement, mais peut leur imposer une mobilité géographique».