Depuis la récente visite d'une délégation de neuf journalistes arabes en Israël, des voix se sont élevées contre cette action de normalisation. Sortant de son silence, le gouvernement israélien défend ces professionnels parmi lesquels figurent cinq Marocains. Après la vive polémique autour de la délégation de journalistes arabes, dont a fait partie cinq marocains, en visite en Israël sur invitation du ministère des Affaires étrangères de Tel Aviv, le gouvernement Netanyahu s'est exprimé sur le sujet. Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a déclaré que son pays invitait tous les journalistes arabes dans le cadre de ces visites. Dans une publication sur Twitter, Nahshon écrit : «Personne ne peut mettre fin à la liberté des journalistes de visiter Israël. Le monde devient de plus en plus libre et ouvert à tous. Fermer les yeux n'est plus une option pour ceux qui recherchent la vérité. Nous invitons tous les journalistes du monde arabe à venir nous visiter.» Nothing can stop the freedom of journalists to visit #Israel . The world is becoming increasingly free and open to all . Closing their eyes is no longer an option for those who seek the truth. We invite all journalists from the Arab world to visit us!?? https://t.co/s7d6evwNjP — Emmanuel Nahshon (@EmmanuelNahshon) 11 février 2018 Cause palestinienne Du côté du gouvernement marocain, le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laâraj a déclaré sur le site du Parti de la justice et du développement (PJD) que cette visite «déviait de la position officielle et populaire du Maroc, connu pour son soutien indéfectible à la cause palestinienne». Et d'ajouter que «cette cause est celle de tout le peuple marocain». Mohamed Laâraj a indiqué que son ministère avait rapidement réagi à cette visite, en contactant les rédactions pour lesquelles travaillent les journalistes membres de la délégation arabe invitée en Israël et en les recadrant, afin que ce genre de visites ne se reproduise plus. Jeudi dernier, le ministère palestinien de l'Information a publié un communiqué sur son site, appelant l'Union des journalistes arabes (UAJ) à prendre des mesures punitives envers ladite délégation. Il a également préconisé de mettre les médias où ils travaillent sur une liste noire, si ces derniers «cautionnent cet acte de normalisation». Hosted special guests from the Arab world in Jerusalem today - a delegation of Moroccan, Lebanese, Syrian, Kurdish & Yemeni journalists, visiting in order to get to know Israel, its history and its society from up close. Welcome - اهلا وسهلا بكم pic.twitter.com/yOZbwyoHZ9 — Israel Foreign Min. (@IsraelMFA) 5 février 2018 En réaction, Mohamed Laâraj a indiqué «qu'une seule journaliste parmi la délégation marocaine possétait la carte de presse». Il ajoute par ailleurs : «Le contrôle qui va être mis en place en accord avec les organismes professionnels va déterminer les mesures et les procédures pour décider des sanctions à l'encontre des personnes qui font ce genre de visites.» Propagande Vendredi dernier, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a réagi dans un communiqué en indiquant que cette visite entrait dans le cadre «d'une invitation d'Israël servant à sa politique» et visant les journalistes marocains. Et d'ajouter qu'elle «désapprouve cette visite et confirme sa position constante à l'encontre de toute tentative de normalisation avec l'entité sionniste, qui colonise la terre d'un autre peuple en usant des armes, des massacres, des meurtres, des arrestations et de la torture». De leur côté, plusieurs journalistes ont exprimé sur les réseaux sociaux leur désapprobation de cette visite à travers les hashtags «Je suis un journaliste contre la normalisation» et «visite de soutien aux crimes d'Israël». Arabes retardés ! Suite à la vive polémique qui a visé Nora Fouari, une des journalistes d'Assabah qui a fait partie de la délégation, celle-ci a réagi sur Facebook en écrivant qu'elle était «avant tout humaine» et que les «accusations toute faites» ne la concernaient pas, puisqu'«avant tout, [elle] est intéressée par les rencontres humaines, par aller vers les gens qui vivent dans ce petit univers». Nora Fouari ajoute dans sa publication qu'elle qualifiait les arabes de «faibles» et de «retardés» et Israël de «pays fort», vivant au milieu d'Etats «arabes divisés». Elle déclare aussi que certaines vérités doivent être assumées, que «le temps des slogans rhétoriques (…) est désormais révolu. L'histoire est écrite par les vainqueurs.»