Ça passe pour la pêche, mais ça casse pour l'agriculture. Alors que le Maroc était en train de se réjouir de la prorogation d'un an de l'accord de pêche avec l'UE, la Commission à l'Agriculture du Parlement européenne annonçait son opposition à l'adoption de l'accord agricole. Si ce refus est confirmé en octobre prochain par le Parlement européen, il pourrait être lourd de conséquences, pour le plan Maroc Vert notamment. Tous les accords ne sont pas les bienvenus à l'Union européenne. Hier, mercredi 13 juillet, le Maroc a signé la prorogation d'un an de plus de l'accord de pêche, mais n'a pas obtenu le soutien de la Commission à l'Agriculture du Parlement européen pour l'adoption du controversé accord agricole. 24 parlementaires de ladite commission ont dit «non» à cet accord, contre 14 «oui» et 2 abstentions. Le député italien, Lorenzo Fontana, qui a présenté le rapport a insisté sur «l'incompatibilité des produits agricoles en provenance du Maroc avec les normes sanitaires de sécurité alimentaire et de la protection de l'environnement en vigueur à l'Union européenne». D'autres raisons liées aux «conditions de travail» dans le royaume, mais surtout aux répercussions économiques négatives d'un tel accord sur les producteurs européens figurent sur la liste des objections apportées à l'approbation du document. De quoi faire jubiler les associations agricoles espagnoles, très opposées à la conclusion de cet accord agricole. Le Parti populaire espagnol et les députés Verts du Parlement européen n'ont pas manqué de leur côté d'exprimer leur joie après ce rejet par la Commission de l'Agriculture. Arguments Toutefois, la partie n'est pas encore gagnée car le Parlement devra se prononcer en séance plénière en octobre prochain pour la phase finale de l'accord ratifié le 13 décembre 2010, à l'occasion de la réunion mixte Maroc-Union européenne. Ce vote portera sur le rapport proposé cette fois par la Commission du commerce international, qui prendra en compte les recommandations de la Commission à l'Agriculture. D'ici là, le Maroc devra reprendre l'offensive pour tenter de convaincre les eurodéputés. D'autant plus que le royaume bénéficie du soutien de la Commission européenne et d'un lobby favorable à la signature de l'accord. «Mener avec les membres du parlement européen des entretiens et des échanges de vues empreints d'un esprit d'ouverture est certainement la meilleure voie à suivre», préconise Andreas Kottwitz, conseiller de l'Agriculture de l'ambassadeur d'Allemagne à Rabat, dont le pays soutient la conclusion de l'accord. Pour ce diplomate européen, «l'accord offre incontestablement une situation de gagnant-gagnant pour le Maroc et les pays de l'Union européenne, situation qui peut facilement être démontrée à l'aide d'arguments». De nombreux enjeux sont liés à la signature de ce partenariat agricole. A commencer par la réussite du Plan Maroc Vert, dont les exportations vers l'UE constituent un des piliers de base. D'autre part, des dizaines de milliers d'emplois sont en jeu : «Voulez-vous que 80 000 travailleurs marocains se retrouvent de l'autre côté de la Méditerranée ?» a prévenu hier le ministre marocain de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, devant les députés eurodéputés. En tout cas, le royaume a intérêt à diversifier ses stratégies dans le domaine agricole, en s'efforçant notamment d'attirer les investisseurs pour mettre en valeur ses 9 millions de surface agricole exploitables.