Même si on n'a guère besoin de prouver la nécessité de notre travail, la réception de tels échos confirment une contribution dans le soulagement des maux et dans la construction de la paix sociale. En mai dernier, j'ai opéré dans la ville de Meknès une femme d'une quarantaine d'années. Elle souffrait de fibromes lui provoquant des douleurs et une anémie. Comme tant d'autres, elle souffrait en silence et subissait l'attente due à un dysfonctionnement qui la dépasse et dépasse même les acteurs de santé locaux. Pas suffisamment de gynécologues, on se contente d'assurer les gardes infernales d'obstétrique dans une maternité régionale qui fait une moyenne de 30 accouchements par jour avec leurs lots de césariennes, d'hémorragies et d'asphyxies néonatales. Une fois opérée, Fatima (nom d'emprunt) a pu reprendre son activité d'achats et de revente de gants de bain pour le gommage. Quelques dirhams de gagnés qui lui permettent de nourrir sa famille et ainsi de préserver sa dignité. Le hasard a fait que Fatima a rencontré, en passant à côté de la terrasse d'un café, le docteur Rjaflah, responsable du pôle médical à l'hôpital mère-enfant de Pagnon où elle a été opérée. Elle l'apostrophe en disant : - Je t'ai reconnu, tu es le médecin qui est venu nous opérer avec l'autre, n'essayes pas de nier, c'est bien toi… Et d'ajouter : «Regardes, en levant deux sacs remplis à ras bord par des gants de bain de toutes les couleurs, je suis guérie, je peux travailler alhamdoulillah.» - J'en suis content, lui répond Rjafllah - Donne ce gant au docteur qui m'a opérée, je sais qu'il est propre, mais donne le lui quand même. Recevoir ce présent m'a rempli de joie, bien entendu. Et même si on n'a guère besoin de prouver la nécessité de notre travail, la réception de tels échos confirment une contribution dans le soulagement des maux et dans la construction de la paix sociale.