Le mouvement officiel de solidarité avec les Palestiniens s'est invité hier soir à la Chambre des représentants. Une réunion marquée par l'exhumation de vieilles propositions de loi pénalisant la normalisation avec Israël, et par des protestations de parlementaires réclamant que le communiqué final comporte «Al Qods capitale de l'Etat palestinien» et non seulement Jérusalem-Est. Les députés et conseillers se sont réunis, hier soir, en session conjointe. L'occasion pour tous les groupes parlementaires de fustiger, en présence de l'ambassadeur de la Palestine, la décision de Donald Trump de reconnaître Al Qods en tant que capitale unifiée d'Israël et d'y transférer l'ambassade des Etats-Unis. Cette condamnation unanime ne s'est pas traduite dans le communiqué qui a été lu au terme de la lecture des positions des uns et des autres. Le texte rédigé avant le début de la session appelait à la création d'un Etat palestinien avec comme capitale Jérusalem-Est. Un passage qui a suscité l'ire de parlementaires de la gauche (USFP et CDT) et du PJD, exigeant de corriger l'«erreur» et de remplacer le passage en question par la ville sainte dans sa totalité, y compris la partie ouest, «capitale» du futur Etat de la Palestine. Après de vives protestations, la présidence a fini par donner raison aux parlementaires. Néanmoins, le communiqué publié à l'issue de la session a apporté l'appui des parlementaires marocains à la «solution de deux Etats» vivant côte à côte, et à la création d'un «Etat palestinien» sur les terres dans les frontières de 1967, avant l'occupation israélienne de la Cisjordanie. Un autre passage lourd de conséquences politiques qui a échappé à la vigilance des protestataires. De vieilles propositions de loi pénalisant la normalisation exhumées Outre ce petit clash, la réunion a connu l'annonce, par le président du groupe des députés de l'Istiqlal, de la présentation d'une nouvelle proposition de loi pénalisant la normalisation avec Israël. Mohamed Modiane a expliqué qu'il est temps d'«actualiser» les textes présentés il y a quatre ans en ce sens en vue de dépasser «le blocage actuel». En revanche, il n'a pas précisé la date du dépôt de son projet au bureau de la Chambre des représentants. Plus prudent que son collègue de la Balance, Driss Azami (PJD) a seulement condamné les actions de rapprochement avec Israël, appelant de ses vœux à l'adoption de lois criminalisant la normalisation. Pour mémoire, à l'été 2013, les milieux panarabistes et islamistes avaient réussi à convaincre cinq formations politiques de bénir deux propositions de loi incriminant toute normalisation avec Israël. La première avait reçu l'adhésion de quatre groupes à la Chambre des représentants : le PJD, le PPS, l'USFP et l'Istiqlal. La seconde était une initiative propre au PAM, avant que les députés du Tracteur ne fassent marche arrière. Les deux textes prévoyaient jusqu'à «cinq ans d'emprisonnement» et des amendes oscillant entre «100 000 et un million de dirhams» à l'encontre des auteurs de «crimes de normalisation». Depuis, ces propositions de loi n'ont jamais été examinées par la commission de législation et de la justice.