Hindi Zahra a enflammé le public, jeudi 23 mai, au festival Timitar à Agadir. Elle chante jazz and blues en anglais avec quelques apartés en amazigh, elle vit en France et est née à Khourigba dans une famille de musiciens. Elle chante comme elle vit : «ce que j'aime dans la musique c'est trouver des ponts». «Nous sommes heureux d'accueillir, pour la deuxième fois, Hindi Zahra, ambassadrice de la musique amazighe, même si musicalement, elle se place dans l'universel», a lancé Brahim El Mazned, directeur artistique du festival Timitar, à Agadir. Hindi Zahra est montée sur scène pour présenter son premier album «Handmade», hier, jeudi 23 juin. La jeune musicienne, dont l'univers musical s'encre profondément dans le jazz et le blues, se retrouve, parce qu'elle est marocaine et amazighe, dans une curieuse position. Dans le leitmotiv du festival Timitar, «Les artistes amazighs accueillent les musiques du monde», se place-t-elle parmi ceux qui accueillent ou ceux qui sont acueillis ? Le public du théâtre de verdure, hier soir, a donné sa réponse. Drapeau amazigh, hurlements de joie, rappel permanent, il ne voulait plus laisser Hindi Zahra quitter la scène. A l'applaudimètre, la jeune chanteuse et son groupe ont gagné contre Abderrahim Souiri qui avait connu son heure de gloire, la veille, sur la même scène. Une femme est même venue lui apporter des fleurs rouges tandis qu'elle remerciait, en saluant bien bas, le public. «Ici, la réaction du public est beaucoup beaucoup plus chaleureuse qu'ailleurs, reconnaissait-elle quelques heures plus tôt, mais pour moi, tous les publics ont la même importance» Comme tout artiste qui se respecte, elle refuse d'être placée dans un style musical unique. Elle explique, qu'elle a voulu «mettre la langue berbère dans un autre contexte, un contexte plus occidental». Seule la chanson «oursoul», de Handmade est totalement en amazighe, les autres sont en anglais «parce que je viens du jazz», explique Hindi Zahra. Reconnue «Victoire de l'album de musique du monde de l'année», en France, en janvier, la jeune musicienne fraye pourtant essentiellement dans des sonorités jazz, folk, blues voire rock. Son succès international se fonde précisément sur ses origines musicales. «A partir du moment où une musique touche à une culture commune, commence Hindi Zahra, elle s'ouvre la porte à un succès universel.» Pour elle, toutes les musiques traditionnelles du monde, et non seulement les musiques amazighes, ont du mal à connaître le succès loin de leur terre d'origine, «en dehors, elles sont nécessairement des découvertes.» Si la musique amazighe s'exporte si peu, «c'est qu'elle n'est pas formatée à l'oreille occidentale, continue Brahim El Mazned, par exemple le groupe Izenzaren joue des morceaux de 15/20minutes, inaccessibles aux radios occidentales qui utilisent un format d'environ 3 minutes.» Le public d'Agadir était, lui, dans son immense majorité, marocain. Affinité d'origine, affinités musicales, il était totalement conquis quand Hindi Zahra est montée sur scène. Un atout supplémentaire la jeune chanteuse est belle et son déhanchée subtil. Alors qu'elle quitte la scène, un jeune homme lance un cri déchirant et passionné : «Hindi, je t'aime !»