Le comité national de solidarité avec Rachid Niny et de défense de la liberté de la presse annonce sa volonté de faire un sit-in particulier : le «deuil de la justice». Les participants, habillés en noir, observeront le silence symboliseront la mort de la justice, jeudi, en face du parlement marocain à Rabat. Solidaires avec le célèbre et populaire chroniqueur Rachid Niny, les membres du comité national de solidarité composé d'anciens ministres, avocats, parlementaires, représentants de partis politiques et de la société civile organisent un sit-in funèbre aujourd'hui pour condamner les conditions de détention du journaliste. Après les «Free Rachid Nini» infructueux sur facebook, le comité de solidarité troque les clics aujourd'hui contre l'habit noir de deuil et observe le silence devant le parlement. Condamné à un an de prison ferme le 9 juin dernier, mais détenu à Oukacha depuis le 30 avril déjà, Rachid Niny refuse de sortir de sa cellule depuis 3 jours et menace d'entamer une grève de la faim. Niny entend ainsi utiliser les moyens limités à sa disposition pour dénoncer le traitement discriminatoire dont il fait l'objet et qui «vise à l'humiliation et l'atteinte à la dignité» de ce dernier selon Ahmed Ouihmane, coordinateur du secrétariat du comité. «Niny, tais toi !» Rachid Niny, dans ce qui ressemble à une punition, est privé de feuilles et de papier. Le parquet aurait également demandé l'interdiction de Niny d'exercer le journalisme au Maroc, mais cette sentence n'a pas été retenue. Nini affirme à ses avocats ne pas avoir accès au téléphone public non plus, qui est un droit légitime à tous les détenus, et se voit interdit de se joindre aux autres prisonniers pour la prière. Les gardes, qui ont dû recevoir de «strictes» instructions procèdent également à une fouille au corps deux fois par jour. Condamné le 9 juin pour sur la base du code pénal, le jugement de Niny a suscité moult indignations autant au sein de la profession que chez son lectorat. Pour rappel, Rachid Niny a également été condamné en octobre 2008, pour «diffamation», au versement de six millions de dirhams de dédommagement en plus de 120 000 à verser à la Trésorerie Nationale du royaume. Une procédure gelée «arbitrairement dans les rouages de la justice» selon l'avocat Ahmed Zyane, mais qui risque d'être sortie du tiroir. Ahmed Zyane affirmait que «la saisie ne portera pas seulement sur les actifs de la société, mais également ceux de Rachid Niny, ainsi que ceux de sa mère, sa sœur, son frère, ainsi que son épouse, de nationalité espagnole». Nora Niny, la sœur de Rachid, qu'on a réussi à joindre au téléphone nous confie «la dernière fois on est allées le voir avec notre mère et sa femme. Il disait qu'il allait bien pour ne pas inquiéter 'l'oualida'. Il lui disait 'soit forte'». Rachid Niny tiendrait-il le coup ? «C'est à peine si on arrive à parler d'affaires familiales. Les visites ne durent que 20 à 30 min» nous confie Nora, dépitée de ne pouvoir s'entretenir plus intimement avec son frère.