En cette 13e journée mondiale du don d'organe, depuis sa promulgation par l'Organisation mondiale de la santé en 2005, Yabiladi revient sur la greffe d'organe, la législation qui réglemente cette pratique et ses enjeux bioéthiques. Au Maroc, près de 20 000 patients sont sous dialyse, un chiffre en augmentation continue, tandis que le nombre des greffes rénales ne dépasse pas les 400 interventions, d'après un communiqué de l'association «Rein». C'est pourquoi la Jeune chambre internationale (JCI) de Rabat, en partenariat avec l'Association marocaine de don d'organes et de tissus (AMDOT), appelle les citoyens à s'inscrire au registre national de don d'organes à l'occasion d'une campagne lancée ce mardi, indique la MAP. Une pratique qui consiste à prélever des organes et des tissus d'un corps humain afin de traiter des patients dont les organes vitaux sont gravement atteints. Le prélèvement chirurgical s'effectue sur des personnes mortes en état de mort encéphalique, à cœur arrêté (dans des conditions particulières) ou sur des personnes vivantes. Une mort encéphalique se caractérise par une absence totale et définitive d'activité cérébrale chez un patient. Un grand nombre d'organes peuvent être prélevés sur des personnes en état de mort encéphalique, transplantés, permettant ainsi de sauver des vies et d'en améliorer grandement la qualité. Le rein et le foie des personnes en cas d'arrêt cardiaque et respiratoire définitif, irréversible et persistant malgré une tentative de réanimation, peuvent être prélevés également. Aujourd'hui, compte tenu des progrès des traitements immunosuppresseurs, la compatibilité HLA (antigènes des leucocytes humains) est de moins en moins indispensable. De plus, le traitement peut être allégé quand la compatibilité est grande. La greffe de rein au Maroc Avec l'émergence des maladies chroniques, le Maroc a connu une transition épidémiologique certaine. De nombreux centres de dialyse notamment ont vu le jour, s'accompagnant d'un système de santé qui tend à se démocratiser. Par exemple, la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique ne pouvait restée limitée à l'hémodialyse périodique, processus très coûteux à l'économie et pas toujours pratique pour le patient, réduisant ainsi sa qualité de vie. Le développement de la greffe rénale s'est donc imposé au Maroc comme ailleurs comme alternative indispensable, d'après le magazine marocain d'information médicale Doctinews. Toutefois, de grandes disparités demeurent chez les patients de milieux socio-économiques différents. Avec l'avènement de la couverture médicale de base en 2006 (AMO), un grand nombre de patients souffrant d'insuffisance rénale chronique ont pu être dialysés. C'est sans compter le partenariat public/privé à partir de 2008 ayant permis à des patients d'être traités dans des centres privés. Malgré les efforts déployés, la prise en charge reste incomplète et ne satisfait pas les exigences requises par la dialyse. Le nombre de séances reste insuffisant, la prise en charge des bilans et des médicaments est absente et les patients ne sont malheureusement pas inscrits au registre des dons d'organe pour une éventuelle greffe. En 2012, les résultats d'un sondage effectué par Doctinews révélaient l'absence d'informations sur la pratique de la greffe rénale au Maroc, l'ignorance des techniques pratiquées et des différents types de donneurs, l'absence de toute information sur la législation, des croyances erronées ainsi que des peurs vis-à-vis de l'éventuelle insécurité de la technique. «La diffusion d'une information simple et accessible, de même que l'implication de la population marocaine en général et de la communauté médicale en particulier deviennent une nécessité pressante», soulignait l'enquête. Ses résultats faisaient toutefois état d'une attitude globalement favorable au don d'organes et ce, malgré la méconnaissance du sujet. Que disent la législation et l'éthique marocaine ? Au Maroc, la greffe d'organes a tardé à bénéficier d'un cadre réglementaire. La loi n°16-98 relative au don, au prélèvement et à la transplantation d'organes et de tissus humains, promulguée en 1999, a adopté l'essentiel des dispositions françaises. Ainsi, toute personne majeure peut faire don de ses organes après sa mort. Cette volonté pouvant être enregistrée auprès du président du tribunal de première instance. Il en est de même pour les personnes qui, de leur vivant, s'opposent au prélèvement de leurs organes après leur décès ; ce refus doit être exprimé par une déclaration au tribunal de première instance. Cette loi repose notamment sur le principe de gratuité et d'anonymat ; le don d'organes étant un acte de générosité et de solidarité entièrement gratuit, le nom du donneur ne peut être communiqué au receveur et inversement. La famille du donneur peut toutefois être informée du résultat des greffes et du consentement du donneur. Or, tous les citoyens ne se prononcent pas, ce qui soulève des difficultés. La diffusion de l'information sur la greffe au plus large public doit permettre à tout citoyen de se déclarer pour ou contre le don, de son vivant, facilitant ainsi la tâche à ses proches et aux équipes médicales. Dans le cas où le défunt n'a pas exprimé sa position, la décision revient à la famille. Quand le prélèvement est effectué sur une personne vivante, la législation prévoit qu'un lien de parenté doive impérativement exister entre le donneur et le receveur. Le conjoint peut être le donneur si le mariage a été contracté depuis au moins une année, ceci dans le respect de l'autonomie du donneur et la bienfaisance à l'égard du receveur. Le consentement du donneur, obligatoire mais toujours révocable, doit être également exprimé devant le président du tribunal de première instance. Enfin, le prélèvement et la transplantation d'organes ne peuvent être effectués que dans les hôpitaux publics agréés et les personnes mineures ne peuvent être donneuses.