De plus en plus de Marocains souffrent d'insuffisance rénale, si l'on se réfère aux résultats, il y aurait actuellement plus d'un million de malades présentant une maladie rénale chronique et chaque année, 3.500 nouveaux cas arrivent au stade terminal. Seuls 9.250 patients bénéficient de la dialyse (7.000 pris en charge par les centres relevant du ministère de la Santé et 2.250 par le privé). Au niveau du privé la séance de dialyse coûte entre 700 et 800 DH, les malades sont tenus de faire 3 séances par semaine à vie. La dialyse exige une prise en charge couteuse, contraignante, éreintante et nombreux sont les malades qui n'arrivent pas à tenir le coup. La situation se compliquera plus en 2020 puisque plus de 60.000 Marocains seront atteints d'insuffisance rénale. Aurons – nous les moyens de faire face à ce flux de malades qui devront être dialysés ? Le ministère de la santé pourra-t-il répondes a toutes les demandes des malades démunis ? Des questions et tant d'autres qui ne peuvent rester sans réponse car il y va de la vie de citoyens qui demain seront confrontés à la dure réalité de la vie et de la mort. C'est principalement pour ces raisons que les spécialistes encouragent la greffe rénale qui permet une économie d'argent et offre une meilleure qualité de vie que la dialyse. Des efforts louables Le ministère de la santé, en tant que garant de la santé de toute la population, indépendamment des moyens des uns et des autres, a consenti de grands efforts en ce qui concerne la dialyse. Il a mobilisé des moyens humains (médecins- néphrologies- infirmiers...) la technologie (générateurs) et construit des structures adaptées pour la dialyse au niveau de toutes les régions du Maroc afin de rapprocher autant que possible les structures spécialisées des patients qui habitent au niveau de certaines zones éloignées. Il faut savoir que plusieurs malades étaient obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour une séance d'hémodialyse et ce à raison de trois fois par semaine. Un véritable calvaire pour l'hémodialysé et sa famille qui en plus de sa maladie grave doit se procurer l'argent nécessaire pour ces déplacements. Plusieurs centre de dialyse existe aujourd'hui un peu partout que se soit a Casablanca –Rabat- Fès – Meknès – Marrakech – Tanger – Tétouan –Al-Houceima – Nador – Oujda - Taza - Oued Zem ou a Boulmane – Azilal – Nouaceur, Ben Slimane – Sefrou , Youssoufia – El-Jadida - Sidi Ifni –Laayoune – Fquih Bensaleh –Ouazzane... Pratiquement tout le Maroc est aujourd'hui couvert et il faut ici rendre hommage aux mécènes et à l'INDH qui sont des partenaires précieux dans le domaine de la dialyse, sans oublier l'apport du secteur privé. Des couts qu'il faut connaître Il est utile de rappeler que le ministère de la santé a mobilisé pour l'année 2012, 380 millions DH pour l'hémodialyse contre 247 millions DH en 2011, soit 133 millions de plus. Quant aux centres d'hémodialyse, plus de 80 sont actuellement opérationnels Chaque mois on note l'ouverture d'un nouveau centre de dialyse S'agissant des patients, le ministre de la santé a indiqué que 6.798 ont bénéficié de l'hémodialyse au niveau national dont 4.516 patients ont été pris en charge dans les structures du ministère et 2.250 par le secteur privé dans le cadre de la sous-traitance. Malgré ces efforts, de nombreux obstacles persistent, il y a une sous- utilisation de certains centres par manque de ressources humaines. Concernant les médecins spécialisés (néphrologues) leur nombre ne dépasse pas les 250 dans tout le Maroc pour une population de 34 millions d'habitants. Il en est de même pour le personnel infirmier formé aux techniques d'hémodialyse qui reste lui aussi déficitaire. Concernant les couts relatifs à la dialyse, il y a lieu de noter que celle-ci coute plus cher que la greffe. Il faut compter près de 850 DH la séance à raison de 3 séances par semaine, soit 2.550 DH. L'hémodialyse revient à 10.200 DH par mois et 122.400 DH par année. Il est important de noter que ce tarif ne comprend pas les médicaments, les bilans bio-logiques et les éventuelles complications. C'est principalement pour ces raisons que les spécialistes encouragent la greffe qui permet une économie d'argent et offre une meilleure qualité de vie que la dialyse. Une année d'économie de dialyse c'est 120.000 DH d'économie par patient et deux années équivalent à 240.000 DH. Rappelons qu'avec seulement 25 greffes par an et par million d'habitants. Le Maroc très en retard L'histoire de la greffe au Maroc remonte à 1986, date de la première greffe rénale avec donneur vivant réalisée avec une aide étrangère. C'est en 1990 que fut réalisée la 1ère greffe rénale avec une équipe Marocaine. En 2011, les spécialistes Marocains ont réalisé 151 greffes à partir de donneurs vivants et 4 à partir de sujets en état de mort cérébrale. La transplantation d'organes et de tissus reste en dessous des besoins épidémiologiques et des résultats espérés par les praticiens. C'est très peu, mais le ministère entend tout mettre en œuvre pour promouvoir la greffe d'organes afin de réaliser 250 transplantations de reins et 1.000 greffes de cornée par an à l'horizon de 2020. Il y a 6 établissements autorités à pratiquer les greffes, soit à partir d'un donneur vivant soit à partir d'un cadavre. Il y en a 4 : CHU Casablanca, CHU Rabat, CHU Marrakech, CHU Fès, l'hôpital militaire universitaire de Rabat et l'hôpital Cheikh Zaïd. Les 6 établissements ont déjà effectué des greffes à partir de vivants mais seulement 2, le CHU de Casablanca et celui de Marrakech qui ont réalisé des greffes à partir de cadavres. Avec l'ouverture du CHU d'Oujda il y aura une extension de la transplantation. Quoiqu'il en soit et au regard des chiffres qui sont très parlant en ce qui concerne la greffe rénale au Maroc ou près de 300 greffes rénales ont pu être réalisé dans d'excellentes, ce qui bien entendu est minime, très peu, par rapport à ce que réalise des pays voisins comme la Tunisie, l'Algérie. Par ailleurs, toutes ces greffes n'ont pu être possibles que grâce au don d'organes provenant de donneurs vivants apparentés (mère, frère, sœur, père) , à l'évidence nous accusons un grand retard . Il reste bien entendu la greffe à partir de donneurs décédés, la première greffe de reins a partir d'une personne en état de mort encéphalique a été réalisée au CHU Ibn Rochd de Casablanca le 5 Septembre 2010. Mais c'est une approche qui est très compliquée, synonyme d'obstacles multiples, à commencer par le nombre de personnes inscrite sur le Registre national des donneurs d'organes post-mortem depuis début 2012 et dont le nombre est estimé à une soixantaine de donneurs, cela reste très faible. Quant on pense que les pharmaciens allemands ont mené une campagne en 2011 pour atteindre les 7 millions de donneurs. Nous sommes loin , mais franchement loin de cette culture, de cette générosité, de ce don de soi, qui consiste a donner la vie à l'autre, un comportement humain, rationnel et civilisé, puisque c'est pour sauver des vies après sa mort, un acte compatible avec la religion musulmane. Informer – communiquer – éduquer Le Maroc accuse un retard considérable dans la transplantation d'organes et de tissus aussi bien à partir de donneurs vivants que cadavériques. La situation en est même inquiétante, de l'avis des spécialistes, que ce soit pour les greffes de reins ou de cornées. Le problème ne réside pas, seulement, dans la faible adhésion des citoyens en ce qui concerne le don d'organes, en raison notamment d'un manque d'informations précises sur la question mais, aussi, et, beaucoup plus, dans le nombre très restreint de structures de santé qui sont en mesure de réaliser des greffes d'organes. En premier lieu, pour pratiquer ce genre de greffe, il y a le respect strict des textes de loi, c'est ainsi que nous avons eu recours à la loi 16/98 qui a été promulguée en 1999, relative aux dons et transplantations d'organes et tissus. Cette loi protège le donneur, le receveur et le médecin quand cette loi est suivie dans son intégralité. La première greffe réalisée à partir d'un cadavre a demandé la formation de personnes spécialisées dans l'approche des familles pour bien les informer, leur expliquer la situation de la personne qui se trouve en état de mort encéphalique. Une mission difficile, astreignante, demandant beaucoup de tact, de savoir et de savoir-faire, car il s'agit de convaincre la famille pour qu'elle puisse donner son aval qui permet à l'équipe médicale d'effectuer le prélèvement des reins légalement et juridiquement. La majorité des cas sont des victimes d'accidents de la voie publique, des accidents malheureusement en recrudescence dans notre pays et qui causent la mort de 10 personnes chaque jour (plus de 4.000/an). Toutes ces personnes qui décèdent sont de potentiels donneurs d'organes, des organes qui peuvent sauver des milliers de patients qui attendent une éventuelle greffe rénale ou autres. Ce qui nous manque , c'est des informations claires, c'est la communication pour faire la lumière sur ce sujet et expliquer que la religion n'interdit pas ce geste humanitaire. Il faut donc une grande campagne de sensibilisation auprès de la population avec tous les moyens de communication. Il faut créer et développer des cellules de communication en situation de deuil au sein des CHU avec des assistantes sociales formées dans ce sens et qui sachent agir avec tact. Le rôle des médias est aussi très important pour faire valoir ce geste et le promouvoir.