Après avoir donné son agrément en juin à la nomination d'un nouvel ambassadeur en Mauritanie, le président Ould Abdel Aziz opère un rétropédalage. Il riposte ainsi au refus des autorités de Rabat de lui remettre son principal opposant et cousin, Ould Bouaâmatou. Les relations entre le Maroc et la Mauritanie sont une nouvelle fois otages des caprices du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Dans un revirement inattendu, l'homme fort du voisin du sud aurait refusé d'accréditer l'ambassadeur marocain Hamid Chabar, indiquent des sites d'information à Nouakchott. Son gouvernement avait pourtant donné son agrément à la désignation de Chabar avant que le royaume ne l'officialise le 27 juin. Des médias locaux avaient même salué la nomination de l'ancien wali de la région Dakhla-Boujdour. «Ce volte-face de la part du président est dû au refus des autorités marocaines de lui livrer son principal opposant, Mohamed Ould Bouaâmatou, qui réside et possède des biens au Maroc», nous confie une source ayant requis l'anonymat. Paris a-t-elle rejeté la requête mauritanienne ? «Dans sa nouvelle guerre contre les voix opposées à son projet de rester le plus longtemps possible au pouvoir, Ould Abdel Aziz a placé son cousin et son bailleur de fonds à la tête de ses adversaires.» «Le rejet de sa requête par le Maroc a contraint Ould Abdel Aziz à se tourner vers la France. Nouakchott a lancé un mandat d'arrêt international contre Ould Bouaâmatou et sollicité l'aide d'Interpol. Là aussi, la manœuvre du président mauritanien a échoué. Paris a décidé d'accorder un parapluie diplomatique à son citoyen (Bouaâmatou est détenteur d'un passeport français). Il a été nommé consul honoraire à Marrakech», précise la même source. Cette affaire s'inscrit dans un contexte particulier en Mauritanie. Dans le sillage de la révision constitutionnelle controversée, Ould Abdel Aziz a entrepris une campagne d'interpellation de ses opposants dans les rangs des politiques et des journalistes. Les liens entre le Maroc et la Mauritanie ne connaîtront pas d'embellie. La visite de l'ancien chef du gouvernement marocain dans ce pays et ses entretiens à Zouerate avec le président n'ont pas eu l'effet escompté : elle ne s'est pas traduite par une normalisation des relations bilatérales et l'échange d'ambassadeurs. Contrairement à la crise de 2013 avec le royaume, Ould Abdel Aziz n'a pas mis le cap sur l'Algérie. Il a opté pour un arrimage à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis et renoncé à son amitié avec le Qatar, son ancien allié.