En plein débat sur l'encadrement des musulmans en Espagne, le ministre marocain de la Communication et la Culture s'est enquis à la Mecque des conditions des pèlerins de Ceuta et Melilla. Une visite où le religieux et le politique se côtoient. A la Mecque, les pèlerins en provenance de Ceuta et Melilla font l'objet d'une attention particulière de la part de la délégation officielle marocaine au Hajj de cette année. Hier soir, le JT arabophone d'Al Aoula a diffusé un reportage, de plus de deux minutes, consacré à la visite effectuée par le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laâraj, à un groupe de pèlerins originaires des deux villes que le journaliste a présenté entant que «Marocains». Le montage de la séquence a été soigneusement préparé. La parole y a été donnée exclusivement aux «hajjis», les femmes n'y ont pas été oubliées. L'enregistrement a surtout mis l'accent sur l'encadrement religieux. Un imam, désigné par les autorités marocaines, veille à prodiguer ses conseillers au groupe. Messages aux autorités espagnoles En chœur, ils ont remercié le roi Mohammed VI, qu'ils ont d'ailleurs appelé «Sidna», pour sa «sollicitude». De toute évidence, la séquence fera des grincements de dents en Espagne. A l'heure où le débat sur la nécessité de contrôler les mosquées est plus que jamais d'actualité, le Maroc adresse ainsi un message clair aux autorités de Madrid sur sa détermination à continuer d'encadrer les musulmans de Ceuta et Melilla même lorsqu'ils effectuent le Hajj. Une manière pour le royaume de perpétuer ses liens avec les habitants de confession musulmane des deux villes et de combler le vide laissé par Madrid. Un vide qui bénéficie aux mouvements islamistes extrémistes pour y étendre leurs influences. Le 24 mai 2016, le ministre des Habous et des affaires islamiques avait déclaré à la Chambre des représentants que son département travaille en concertation avec «les instances représentatives des mosquées» à Ceuta et Melilla pour la promotion d'un islam modéré à même de défendre leur identité religieuse. Et d'affirmer que «les habitants sont des Marocains mais qui vivent une situation particulière».