Dans une interview accordée à Horizon TV et diffusée jeudi, le parlementaire et avocat Abdellatif Ouahbi, qui avait récemment cessé de s'exprimer sur sa relation avec le PAM, évoque plusieurs questions. Hirak d'Al Hoceima, clash CNDH-DGSN ou encore le ministère chargé des droits de l'homme ; le ténor du PAM ne mâche pas ses mots. Le trublion et parlementaire du Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM), Abdellatif Ouahbi était l'invité de l'émission «Fi Assamim» sur la chaîne Horizon TV. Une sortie médiatique lors de laquelle l'ancien président du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des représentants a fustigé sa formation politique ainsi que le Rassemblement national des indépendants (RNI), la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et Mustapha Ramid, ministre d'Etat chargé des droits de l'homme. Au début de l'interview, Abdellatif Ouahbi répond aux questions sur le Hirak qui secoue la province d'Al Hoceima depuis plus de huit mois. «Nous sommes arrivés au stade de bras de fer entre les deux côtés. Il y a aujourd'hui des revendications sociales d'une part ; les appels à la libération des détenus d'autre part», reconnaît-il. Ce membre du bureau politique du Tracteur souligne la nécessité d'une «solution générale pour résoudre la crise», admettant qu'il s'agit là d'un «dossier complexe qui doit être traité comme tel». «L'Etat a tenté de faire plusieurs projets, les investisseurs nationaux devaient accompagner les décisions politiques mais ils fuyaient la province d'Al Hoceima. Un ensemble de capitaux, issus notamment du trafic de drogue, partait à Rabat, Casablanca ou au sud de l'Espagne pour être investi. La province ne récolte donc que des accusations», lance-t-il. Pour lui, «la réconciliation politique doit s'accompagner d'une réconciliation économique». Le PAM est responsable et les partis de la majorité ont commis la «gaffe de l'année» Abdellatif Ouahbi aborde ensuite le volet politique, estimant que la province «ne dispose plus de figures charismatiques» avant de pointer la responsabilité du PAM dans la crise. «Le PAM est peut-être responsable lorsqu'il refusait l'existence de toute concurrence politique dans la province et espérait la garder en tant que fief. Je pense qu'il faut penser à donner une chance aux autres partis politiques pour jouer un rôle. Ce qui s'est passé au Rif et dans le cadre du projet 'Al Hoceima, phare de la Méditerranée' doit être une leçon pour tous.» Revenant ensuite sur la fameuse sortie médiatique des partis de la majorité, lors de laquelle ils avaient accusé les leaders du Hirak de séparatisme, il estime que ces formations politiques ont commis «la gaffe de l'année». «Quand j'ai entendu ces accusations de séparatisme, j'ai attendu de voir les répercussions et le limogeage du gouvernement par le roi Mohammed VI», déclare-t-il. Il s'en prend ensuite à la DGSN et sa réponse récente au Conseil national des droits de l'homme de Driss El Yazami. «La DGSN n'est qu'une direction sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. C'est le ministère qui aurait dû répondre via le chef du gouvernement. Le gouvernement, institution politique, aurait dû répondre au CNDH, qui est une institution constitutionnelle. Que pensez-vous lorsque je vous rappelle que la DGSN a déjà répondu au président de la Chambre des conseillers alors que le ministre de l'Intérieur n'était pas au courant ? Il faut respecter la Constitution et la loi. Ces communiqués de presse sont une violation de la loi et du texte constitutionnel.» Le PAM, le RNI et… Mustapha Ramid La sortie médiatique d'Abdellatif Ouahbi s'inscrit surtout dans la continuité d'une série d'événements et de déclarations croisés entre lui et sa formation politique. «Ma relation n'est pas tendue avec le PAM, mais avec le secrétaire général, surtout sa façon de gérer le parti», insiste-t-il. Il raconte ensuite avoir dit à Ilyas El Omari «qu'il ne peut pas transformer un tel parti en un simple numéro sur son répertoire téléphonique», avant de laver en public le linge sale du Tracteur. «Le PAM doit être basé sur des institutions internes, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le secrétaire général fait ce que bon lui semble et prend des décisions tout seul sans bureau politique ou conseil national et les membres en subissent les répercussions. Ce qui est étrange, c'est que 75% des membres du bureau n'y voient aucun mal.» Il évoque juste après le RNI d'Aziz Akhannouch. «Ce que je remarque au niveau du RNI me prouve que le PAM jouera un grand rôle dans le futur, parce que le RNI est tellement faible qu'il ne pourra pas remplir cette mission», répond-t-il à son interlocuteur. Il affirme ensuite que «l'échiquier politique n'est plus basé sur l'argent et les affaires», et qu'«avec l'ère de Facebook, l'argent ne pourra plus jouer de rôle lors des élections». «De plus, la direction du RNI n'est pas à la hauteur pour résoudre les problèmes qui se poseront dans le futur (…) Nous n'avons pas peur du RNI ou de son président parce qu'aucun d'eux ne fait de la politique. Ils ne font que gérer leur argent à travers les choses publiques.» Après avoir tiré sur le parti de la Colombe, l'avocat et élu du Tracteur lance des messages à l'intention de Mustapha Ramid. Pour lui, «le ministère des droits de l'homme a été créé pour les beaux yeux de Ramid», estimant que Saâdeddine El Othmani «ne peut pas se débarrasser» de lui. «Ramid pensait pouvoir jouer un grand rôle mais il vient de découvrir que son rôle ne dépassera pas la largeur de son bureau. Y-a-t-il un ministre au gouvernement qui révèle les secrets de sa relation avec le ministère de l'Intérieur en dépit du principe de la continuité de l'Etat, ou qui peut se permettre d'exprimer ses positions sur Facebook au lieu de faire un communiqué ?», s'interroge-t-il. Des questions que Mustapha Ramid ne laissera pas sans réponse…