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Campus #7 : Chine – Trois Marocains racontent leur expérience estudiantine dans le pays de l'Empire du Milieu
Publié dans Yabiladi le 08 - 07 - 2017

Nombreux sont les étudiants marocains à avoir choisi d'aller à l'autre bout du monde pour poursuivre leurs études. Dans notre série mensuelle Campus, trois d'entre eux nous racontent leur expérience en Chine.
A 9 600 kilomètres du royaume, la Chine abrite l'une des communautés marocaines les plus restreintes. Parmi les 350 ressortissants environ qui y ont élu domicile, trois nous livrent un aperçu de leur expérience dans ce pays d'un peu plus d'un milliard d'habitants.
Réda, 25 ans, a vu dans ce pays une mine d'or au regard des opportunités professionnelles qu'il offre, observe le jeune homme. Les accords signés en mai 2016 entre les deux pays «facilitent les choses pour les Marocains, que ce soit au niveau du visa ou du travail», confie cet ancien étudiant à l'ICN Business School de Nancy. En 2015, il a effectué un échange de six mois à l'université Binzhou Shandong dans la ville de Binzhou (extrême est).
De son côté, Soraya, 22 ans, s'était déjà rendue en Chine dans le cadre de sa prépa. «J'avais vraiment aimé le pays, le fait qu'il y ait un clivage entre la société traditionnelle et la modernité. Ça m'a encouragé à y retourner, contrairement à beaucoup de mes amis qui considéraient que ce n'était qu'un territoire inconnu», se souvient-elle. A l'instar de Reda, Soraya a effectué un échange entre août et décembre 2016 dans le campus chinois de Skema Business School à Suzhou (extrême est).
Quant à Sarah, 25 ans, diplômée de la Skema Business School à Lille, elle a opté pour le même campus entre janvier et juin 2014. A l'origine de ce départ, une quête de dépaysement : «La France ne m'offrait pas l'exotisme que je recherchais. Je voulais réellement sortir de ma zone de confort, découvrir autre chose et me confronter à une situation dénuée de mes repères habituels.»
Sarah à la découverte de la Grande muraille de Chine. / Ph. Sarah
Les premiers mois se déroulent sans encombre, lors desquels la découverte s'érige en maître-mot pour les trois étudiants. «Tu découvres une culture plus proche de la culture orientale que celle occidentale. Les Chinois sont très attachés à leur famille, ils sont chaleureux et hospitaliers», décrit Reda. De même, les barrières linguistiques qui se posent naturellement dans les premiers temps sont rapidement levées grâce à la technologie : «A partir du moment où nos téléphones étaient connectés, on traduisait ce qu'on voulait pour mieux se faire comprendre», explique Soraya.
Une recherche constante de l'Occident
Chose assez surprenante, les trois Marocains ont eu plus de facilités à se lier d'amitié avec les expatriés. «Ils organisent beaucoup d'événements, du coup je me suis constitué un réseau international d'amis», s'amuse Reda. Les Skemiens (étudiants de la Skema) viennent principalement de France, ce qui permet d'alléger le choc culturel : «Si je ne m'étais retrouvée qu'avec des Chinois, ça aurait été plus dur», estime Soraya. Selon elle, les Marocains ont tendance à rechercher la compagnie des expatriés : «On recherche toujours l'Occident», admet-elle.
Soraya devant les "Sun and Moon Pagodas" à Guilin. / Ph. Soraya
Le fait d'être à 9 600 km du Maroc, bien sûr, reste assez déroutant pour les trois Marocains. Le décalage horaire et le blocage des réseaux sociaux tels Facebook, Instagram et Youtube contraint les étudiants à recourir à la technologie pour contourner l'interdiction. L'installation d'un réseau privé virtuel (VPN) est indispensable pour rester connecté avec ses proches. Pour apaiser le sentiment d'éloignement, Reda se rend souvent dans un restaurant marocain pour déguster un bon thé et renouer avec l'ambiance de son pays.
Sarah, qui recherchait initialement le dépaysement, ne l'a pas considéré comme un obstacle mais plutôt comme un défi à relever pour découvrir la culture chinoise. «Le pays a beaucoup à offrir en matière de dépaysement», confirme-t-elle. «D'une région à une autre, les habitudes, comme la nourriture et l'accueil, changent. Ça permet de remettre les choses en perspective et, aussi, de se remettre en question. Et puis curieuse comme je suis, j'ai adoré goûter aux différentes spécialités culinaires - même si j'ai parfois regretté tellement c'était épicé -, visiter des temples et même une mosquée chinoise, ou me perdre dans les ruelles de Pékin», se souvient la Rbatie. Reste que la vie au quotidien peut s'avérer déconcertante : «Les habitudes alimentaires, les courses ne sont pas les mêmes qu'en France. Tu ressens les vestiges du communisme car il n'y a pas beaucoup de choix», abonde Sarah.
«Ils venaient vers nous, souriants, voulaient nous prendre en photo»
Le coût de la vie est relativement proche de celui au Maroc. «Dans une petite ville, tu peux louer un appartement de 55 m2 à 300/400 euros par mois (près de 3 200 à 4 200 dirhams). En revanche, à Shanghai pour le même prix, tu as une chambre», constate Reda. A l'université, les étudiants peuvent prendre leur repas pour 20 dirhams environ. «1 kuai (monnaie chinoise ndlr), c'est un peu plus d'un dirham, donc autant dire que niveau budget, c'est un soulagement. Il est possible de bien manger, voyager en train, réserver un hôtel ou prendre un taxi pour presque le même prix qu'au Maroc. Après ça, il faut avouer que le retour en France n'a pas été facile», dit Sarah.
Autre point positif de leur aventure chinoise : ils n'ont pas ressenti de racisme à leur égard, comme c'est parfois le cas dans d'autres pays. Rares sont les étrangers qui s'aventurent dans les territoires reculés du pays. Lors de leurs voyages, les Marocains ont au contraire été marqués par la curiosité des Chinois : «Plutôt que de nous éviter ou nous jeter de mauvais regards, ils avaient tendance à venir vers nous et nous prendre en photo. Ils étaient fascinés par nos cheveux bouclés et nos yeux de couleur mais ils ne se sont jamais montrés méprisants ou agressifs», se souvient Sarah. Même son de cloche chez Soraya : «Les Chinois sont très accueillants et très respectueux, mais ils n'ont jamais vu de population noire. Ils ne savent pas vraiment situer le Maroc, encore moins le continent africain». L'image du Maroc est plutôt «positive» aux yeux de la population locale, estime Reda.
Reda dans une grande avenue animée de Shanghai. / Ph. Reda
Dans l'ensemble, l'expérience est réussie pour ces trois jeunes adultes qui en ressortent grandis. «Si vous avez l'opportunité d'y aller, je vous conseille vivement de la saisir. C'est un pays qui regorge d'opportunités», s'exclame Soraya. Sarah, elle, est rentrée en France avec un bon bagage culturel. Le marché asiatique lui est désormais plus familier grâce au cursus de commerce international qu'elle a suivi, et qui lui a permis d'acquérir les compétences pour travailler sur ou avec le marché chinois, indispensable à sa carrière d'acheteuse. Enfin, Reda devrait rester encore longtemps en Chine, où il a décroché un poste en octobre dernier. Il alimente régulièrement les réseaux sociaux de photos exotiques de Shanghai.


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