Connu pour ses positions extrémistes s'agissant des questions opposant les chiites et les sunnites, le cheikh Yasser Al Habib répondait la semaine dernière à une question d'un chiite marocain quant au Hirak. Pour le prédicateur koweitien, prendre part aux manifestations pour les chiites marocains n'est pas interdit. Yasser Al Habib est un cheikh chiite célèbre pour ses positions extrémistes. Pourtant, s'agissant des protestations que connaît Al Hoceima et sa région, ses positions restent toutefois modérées. Vendredi, en directe sur la chaîne chiite Fadak, qui émet depuis Londres, Yasser Al Habib répondait à une question d'un Marocain chiite qui voulait savoir s'il est permis pour une personne de la branche chiite de prendre part au «Hirak». Pour le jeune homme, auteur de la question, il s'agit surtout du fait de protester aux côtés de manifestants d'une différente branche ; en l'occurrence des Marocains sunnites. «Quant aux origines, il n'est pas interdit qu'un musulman qui suit les pratiques musulmanes d'Ahl Al Bayt (les proches de Mohammed, et donc les chiites) participe avec une autre branche à faire du bien, tant qu'il travaille en bonne coopération sur la justice et la piété», affirme le cheikh controversé. Pour lui, «la révolte contre l'injustice est une question de la justice et de la piété et donc il est permis de s'entraider avec autrui, que ce dernier soit un Bakri (les sunnites, en référence à Abou Bakr As-Siddiq, successeur du prophète et premier calife de l'islam, ndlr), chrétien ou même athée». Pour Al Habib, certains maux sont «nécessaires» Mais le chiite nuance quelque peu en affirmant que si «les inconvénients de la protestation s'annoncent plus importants que ses avantages, il vaut mieux ne pas y prendre part». Cela dit, il rappelle que «parfois, les résultats sont catastrophiques sur la sécurité, la paix sociale et l'économie», citant les exemples du Yémen et de la Libye. Yasser Al Habib enchaîne, en notant que parfois aussi, «il faut sacrifier même la paix si l'intérêt religieux l'exige», avant d'afficher son optimisme quant au Hirak qui secoue Al Hoceima et sa région depuis novembre dernier. «Nous sommes optimistes et nous espérons que le Hirak que connait la scène marocaine et rifaine engendrera du bien. Nous sommes optimistes parce que nous connaissons le haut niveau montré par les Marocains.» Le prédicateur chiite n'a pas tari d'éloge sur le peuple marocain, affirmant que ce dernier est du même niveau que le peuple tunisien. Pour cela, «la réussite du Hirak d'Al Hoceima et certains points négatifs et maux sont nécessaires dans toute opération de changement, de renouveau et de transition politique», commente-t-il. «La garantie qui peut être invoquée est les connaissances et le niveau culturel de ce peuple. Nous imaginons que les Marocains sont capables de construire leur pays correctement», lance-t-il avant de revenir à la question principale. «Si vous avez déterminé, vous ou quelqu'un d'autre des frères chiites, que la participation au Hirak peut causer d'autres inconvénients, il vaut mieux ne pas y prendre part», conclut-il.