Le Maroc compte près de 133 consulats à travers le monde avec une forte concentration en France, en Belgique, en Espagne et en Italie. Ils rappellent souvent aux Marocains résidant à l'étranger une bien piètre image de leur pays. Sourds aux demandes des associations, aveugles à l'absurde bureaucratie qui s'est instaurée dans leurs murs, les consulats représentent un passage obligé dont un grand nombre de MRE se passerait volontiers. Le e-consulat n'est pourtant pas encore prêt pour prendre entièrement le relai. «4 heures d'attente pour un tampon, il y avait un monde fou. J'ai cru que j'étais au bled», les mots de 3abla111, membre de Yabiladi. com, évoquent tout à la fois ce qu'est, intrinsèquement, un consulat - un peu du Maroc à l'étranger - et les difficultés de bien des usagers à faire valoir leurs droits de citoyens marocains lorsqu'ils ont expatriés. «Au même moment, nous avons contacté l'ambassade du Maroc en France et le ministère de la Défense français. L'ambassade ne nous a jamais répondu, alors que le ministère nous a immédiatement donné rendez-vous», témoigne Ali El Baz, coordinateur de l'Association des Travailleurs Maghrébins en France (ATMF). Il avait demandé à être entendu par les deux organismes dans le cadre de la mise en place de la loi de décristallisation des retraites des anciens soldats coloniaux. «Il y a un véritable mépris de l'ambassade marocaine», regrette Ali El Baz. En 2007, l'ATMF, au sein d'un collectif, occupe le consulat de Nanterre. Ce collectif demande à ce que le consul n'accorde par le laissez-passer demandé par la France pour renvoyer un Marocain en situation irrégulière. «Il était marié avec deux enfants, mais rien à faire, le consulat a donné le laissez-passer», raconte le coordinateur de l'ATMF. Les consulats sont, ainsi, souvent accusés de jouer le jeu de la France plutôt que d'être solidaires avec les MRE. La polémique qui a enflé à Rennes, en février, est venue s'ajouter au malaise ambiant. Ahmed El Khdar, consul du Maroc à Rennes, depuis 2009, a été muté pour avoir tenté de «faire du propre», selon l'expression de Ahmed Bounouar, trésorier de l'ATMF Rennes. «Il a été limogé parce qu'il s'est intéressé de près à deux employés : l'un ne venait plus depuis 6 ans mais touchait encore des indemnités et l'autre était déclaré en maladie, touchait des indemnités à ce titre, et occupait pourtant un autre emploi, ailleurs», rapporte Ahmed Bounouar de source sûre. Ahmed El Khdar aurait aussi voulu mettre un terme au trafic de timbres fiscaux marocains. «Une pétition a tourné de Rennes à Nantes pour lui apporter soutien. C'était un homme proche des gens, il avait ouvert le consulat aux Marocains», raconte Ahmed. Encore une fois, la communauté marocaine qui soutenait le consul n'a pas eu gain de cause. Depuis le 1er mars Ahmed El Khdar est à Oran, où il essuie une «mutation sanction» deux ans après être entré en fonction à Rennes. A l'heure actuelle aucun consul n'a encore été nommé à Rennes pour le remplacer. Dans les autres consulats, le quotidien n'est vraisemblablement guère meilleur. «Au consulat de Nanterre, il faut faire la queue trois fois. On vous donne même un ticket pour attendre qui ne sert à rien, il faut à nouveau faire la queue», raconte Ali El Baz en tant qu'usager parmi d'autres des services consulaires. Dans le sondage réalisé sur Yabiladi.com afin de connaître votre version des faits, les reproches étaient très nombreux : temps d'attente, règne de la paperasse et ncohérence des demandes qui vous étaient faites. Notre enquête par téléphone a confirmé nombre de vos critiques. Nous avons constaté que sur l'ensemble des consulats de France et de Belgique, la majorité était difficilement joignable. Si certains donnent le change assez longtemps pour que l'on croit, en raccrochant, avoir tout bien compris, il faut vite déchanter : les réponses données par les uns et les autres ne concordent pas entre elles. «Il vaudrait mieux les fermer et tout faire par correspondance car ils ne servent à rien», s'énerve Hamza dans sa réponse à l'enquête d'opinion lancée sur Yabiladi.com. L'idée fait son chemin dans le cadre du egouvernement et, s'il n'est pas question de fermer les consulats, la version web des services consulaires est en route. Elle devrait permettre à terme de se passer d'un grand nombre de déplacements, à condition que les consulats eux-mêmes s'adaptent. Cet article a été précedemment publié dans Yabiladi Mag n°6