Le mouvement de contestation Hirak du Rif a dépassé les frontières. De nombreux Marocains résidant à l'étranger sortent dans les rues pour manifester en soutien aux Rifains. Le vendredi dernier, à Amsterdam, un imam a récité un prêche condamnant les protestations dans les rues néerlandaises, suscitant une vive polémique au sein de la communauté marocaine. Lors de la prière du vendredi 9 juin, un imam marocain de la mosquée Al-Ihsane à Amsterdam a prononcer un prêche qui a fait couler beaucoup d'encre dans la presse néerlandaise. L'homme de foi s'est exprimé concernant les manifestations qui se déroulent dans la région du Rif et celles qui en résultent dans les pays européens. Selon lui, manifester est contre les «lois d'Allah» et les «règles islamiques», indique The Post Online. Les croyants «doivent être sages et suivre la loi islamique». Et d'ajouter : «C'est interdit d'être contre le leader des croyants». Il a été filmé et sa vidéo a été postée sur YouTube avant d'être repérée par bon nombre de Marocains résidant aux Pays-Bas. L'imam en question a même qualifié le fait de se rallier aux revendications du mouvement contestataire de Hirak Rif pour ensuite protester comme une «fitna» (anarchie). «La mosquée Al-Ihsane a reçu 30 000 euros de la part du roi Mohammed VI» Cette déclaration et tant d'autres ont fait réagir l'écrivain néerlandais d'origine marocaine Asis Aynan. Ce dernier s'est empressé d'écrire une lettre pour remettre les choses dans leur contexte. «Chaque année, le Maroc envoie des imams aux Pays-Bas pour endoctriner les Maroco-néerlandais, surtout pendant le Ramadan, pour qu'on ne devienne pas Néerlandais», argue l'homme de 37 ans. Selon lui, en 2016, la mosquée Al-Ihsane a reçu 30 000 euros de la part du roi Mohammed VI. Dans une interview accordée au site néerlandais Trouw de Vendieping l'écrivain déclare : «La mosquée est une maison de prière et non une maison royale. Dans cette dernière il y a des intérêts alors que dans une maison de prière non.» Manifester dans les rues est «un droit fondamental» puisque la constitution néerlandaise stipule que chaque résident du pays a le droit et la liberté de manifester. Cela «redonne de la dignité aux gens». En plus, «les protestations sont pacifistes, personne n'appelle à la haine ou au conflit», ajoute le Maroco-néerlandais. Séparation du religieux et de la politique A travers sa démarche Asis Aynan veut instaurer le dialogue entre les Marocains aux Pays-Bas et essayer de savoir «combien de mosquées sont impliquées dans cet endoctrinement anti-démocratique». Ce dernier ne cache pas son envie de participer aux manifestation en soutien au mouvement de contestation du Hirak, «parce qu'il y a des violations des droits de l'Homme». Le Conseil marocain des mosquées aux Pays-Bas n'a pas tardé à réagir à travers l'un de ses membres. Selon Said Bouharrou, l'imam de la vidéo donne l'impression que ceux qui sortent manifester sont des mauvais musulmans. Par ailleurs, la mosquée Al-Ihsane ne «fait pas partie du Conseil» et «l'imam qui a récité le prêche du vendredi n'est pas affilié à l'association des imams». Le Conseil marocain des mosquées aux Pays-Bas a écrit au conseil d'administration d'Al-Ihsane pour préciser que la religion et la politique «doivent rester séparés».