Rien ne prédestinait Farida Amrani à s'engager en politique et participer aux élections législatives face à l'ancien Premier ministre Manuel Valls. Née au Maroc en 1976, elle est arrivée en France à l'âge de 2 ans et demi avec son père, ouvrier dans le bâtiment, et sa mère, femme au foyer. Mère de trois enfants, elle est titulaire d'un BTS transport. C'est dans le syndicalisme et les association de parents d'élèves que la Franco-marocaine s'est initiée aux luttes politiques. Interview. Votre parcours en quelques mots ? Il y a quelques années, la politique ne m'intéressait pas beaucoup comme de nombreux Français. Et puis au fil des années, je suis devenue une citoyenne engagée : Je suis syndicaliste dans ma collectivité. J'ai 40 ans et 3 enfants. Et c'est en tant que parent d'élève, que la politique, dans le sens noble du terme s'est immiscée dans ma vie. Il y a eu la réforme des rythmes scolaires qui devait être appliquée sur la ville d'Evry, lorsque Manuel Valls est devenu ministre de l'Intérieur. Pour être le «Bon élève» du gouvernement, il a sommé Francis Chouat, son successeur, d'appliquer les nouveaux rythmes scolaires très rapidement. En tant que parents d'élèves, nous nous sommes insurgés contre cette décision, car les rythmes imposés n'étaient pas en adéquation avec ceux de nos enfants. Les 100 parents élus, et des enseignants ont décidé dès lors de rencontrer le maire pour contester ce projet validé sans notre approbation. Pendant notre entrevue avec M. Francis Chouat, il y a eu beaucoup de désaccords et nous n'avons pas réussi à trouver un terrain d'entente. Il m'a suggéré en tant que représentante et porte parole des parents élus, de monter une liste aux prochaines municipales si je n'étais pas satisfaite de sa décision. J'ai donc décidé d'agir pour en constituer une avec 43 personnes «La liste Front de Gauche, Evry réunis pour agir», où j'étais en tête de liste en 2014. Nous avons obligé Francis Chouat et Manuel Valls à faire un second tour ; une première pour eux qui ont toujours été élus dès le premier tour. Nous sommes 4 élus au total. Je suis dans la continuité de ce que nous avons mis en place en 2014, c'est-à-dire combattre la politique de Manuel Valls, à laquelle nous n'adhérons pas. Vous vous présentez à la 1ère circonscription de l'Essonne, quel est votre ressenti à quelques jours du premier tour ? Nous sommes sur le terrain depuis 6 mois pour la présidentielle, et actuellement dans cette continuité pour les législatives. Nous venons de terminer une tournée où nous avons fait du porte à porte pour aller à la rencontre des Français. Nous avons ressenti ce ras le bol de nos compatriotes, qui sont plus que jamais dans cette volonté de changement avec des élus et représentants qui leur ressemblent et qui connaissent leurs problématiques. Nous savons ce que c'est«que de vivre avec 1800 euros par mois, avoir des enfants à l'école ; chercher une crèche, un emploi, nous connaissons les réalités du terrain». Et puis surtout nous prônons l'honnêteté, l'exemplarité, le respect et le rassemblement. Au-delà d'affronter Manuel Valls, nous portons un projet qui s'appelle «L'avenir en commun», un projet rassembleur qui donne de l'espoir aux Français. Qu'est ce qui vous distingue du programme de Manuel Valls au niveau du programme et de la démarche ? Aujourd'hui, nous avons un programme qui rassemble, contrairement à celui de Manuel Valls qui divise les Français qui ne lui ont par exemple jamais demandé la déchéance de nationalité, ou le 49.3. Il a stigmatisé une partie de la population quand il a affirmé que les Roms n'avaient pas vocation à s'intégrer, ou quand il intervient sur le burkini et des sujets qui ont créé la polémique. Je rappelle que «L'avenir en commun» a fait 30% sur notre circonscription, par le biais de Jean-Luc Mélenchon et les gens adhèrent à ce programme qui leur correspond et qui répond à leurs attentes. Les sondages donnent une majorité pour le président Emmanuel Macron, est-ce-que votre parti «La France insoumise» arrivera à émerger en tant que groupe parlementaire au sein d'une gauche émiettée ? Nous l'espérons. Emmanuel Macron sur le premier tour n'a pas rassemblé tous les Français, qui ont surtout voté pour lui afin de contrer le parti d'extrême droite. Les Français n'ont donc pas voté pour un projet. Pour les électeurs ayant choisi Jean-Luc Mélenchon, ils veulent leur revanche et ce 3ème tour sur ces législatives. Nous avons confiance dans la décision des Français qui sauront faire le bon choix dans l'intérêt général.