Après leur dernier bras de fer sur leurs projets présidentiels, Manuel Valls a jugé jeudi que rassembler les socialistes derrière Benoît Hamon serait difficile, même si la fracture esquissée en début de semaine semble désormais surmontable. Invité du journal de 20h de TF1, Benoît Hamon a assuré qu'il ferait, s'il est désigné dimanche vainqueur de la primaire, «tous les gestes nécessaires» pour unir la gauche, au-delà du Parti socialiste, afin de préserver les chances de figurer au second tour de l'élection présidentiel du printemps. Lors du débat entre les deux finalistes de la primaire de la gauche mercredi et de deux interviews jeudi, Manuel Valls n'a jamais baissé la garde lorsqu'on lui demandait de commenter la possibilité d'une victoire de Benoît Hamon. Arrivé premier du premier tour et bénéficiant du soutien d'Arnaud Montebourg, troisième, l'ancien ministre de l'Education est favori pour représenter le PS à la présidentielle. L'ancien Premier ministre a seulement assuré du bout des lèvres mercredi qu'il respecterait les règles de la primaire en soutenant Benoît Hamon si ce dernier l'emporte dimanche. Jeudi, l'ancien chef du gouvernement a insisté sur l'importance pour le PS qu'il remporte la primaire. «Pour que la famille progressiste puisse se rassembler, c'est autour du projet et de la démarche que je propose parce que sinon ça va être difficile pour le Parti socialiste dans cette élection», a-t-il dit sur France 2. «Il ne s'agit pas de rêver pour les années qui viennent», a-t-il ajouté, «c'est moi qui ai la capacité de rassembler tout le camp progressiste». «Si vous voulez (...) qu'il y ait un avenir possible pour la gauche progressiste, pour celle qui assume les responsabilités, alors je suis celui qu'il faut.» «LES VOIES DU RAPPROCHEMENT» Sur TF1, Benoît Hamon s'est à son tour posé en rassembleur, et a dit son intention de tendre la main à tous, même ceux tentés par des candidats hors primaire comme Emmanuel Macron. «Moi, je ne prononce aucune excommunication. Je ne suis pas là pour dire aux uns et aux autres qui est dans le droit chemin et qui est dans le mauvais chemin», a dit l'ancien ministre. «Le vote de la primaire me donnera ou donnera à Manuel Valls une légitimité forte», a-t-il ajouté. «Je souhaite que les élus qui doivent beaucoup de leur carrière au Parti socialiste respectent ce choix, c'est-à dire celui du peuple». Le PS espère dimanche une participation supérieure à celle du premier tour, qui a vu 1,6 million de personnes voter. Deux camps se sont affrontés durement pendant la campagne, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg critiquant la politique du gouvernement de Manuel Valls, tandis que l'ancien Premier ministre et ses soutiens attaquaient Benoît Hamon sur la crédibilité de son projet et ses positions sur la laïcité. Après ces piques, le quatrième socialiste de la primaire, Vincent Peillon, a vu se dessiner lors du dernier débat de mercredi soir la possibilité du rassemblement. «J'ai trouvé que la vraie question qui était cette déchirure des deux gauches irréconciliables (...) se gommait hier», a-t-il dit jeudi sur franceinfo. «Les voies du rapprochement se sont esquissées hier», a-t-il ajouté. «J'ai vu hier soir la possibilité du rassemblement.» Même constat pour le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue. «On nous explique qu'il y a deux gauches totalement dans l'incapacité de travailler ensemble, ce que je ne crois pas après ce débat», a-t-il dit sur BFM Business. Des responsables socialistes mettent en garde depuis des semaines contre le risque d'un ralliement massif d'élus et d'électeurs socialistes autour d'Emmanuel Macron si Benoît Hamon l'emporte ou de Jean-Luc Mélenchon si Manuel Valls l'emporte. Cette divergence d'orientation entre les deux finalistes s'est exprimée clairement mercredi lorsqu'ils ont dit de qui de ces concurrents ils se sentaient le plus proche, Benoît Hamon répondant Jean-Luc Mélenchon et Manuel Valls Emmanuel Macron.