Au lendemain de l'arrestation de Nasser Zefzafi, leader de la «Mobilisation» dans le Rif, les réactions des partis politiques, des députés et des élus fusent. Après les communiqués des sections locales à Al Hoceima et la sortie médiatique d'Ilyas El Omari, plusieurs députés ont enfin adressé des questions aux ministres de l'Intérieur, des Droits de l'homme, des Affaires islamiques, et surtout à celui de la Communication. Alors que des événements rythmés par des protestations et des arrestations secouent le Rif depuis vendredi, plusieurs partis politiques et députés parlementaires commencent à peine à rompre le silence. Si certains, comme Omar Balafrej et Mohamed Khiyi El Khamlichi ont choisi des questions écrites, d'autres à l'instar d'Imane El Yaacoubi et Nabil Andaloussi optent pour des questions orales. Sur sa page Facebook, le député parlementaire Omar Balafrej, de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) a repris lundi ses questions écrites adressées à trois ministres du gouvernement El Othmani. Dans sa question adressée au ministre des Habous et des affaires islamiques, Omar Balafrej demande de tirer les leçons de ce qui s'est passé vendredi 26 mai dans une mosquée de la ville d'Al Hoceima. «Ne faudrait-il pas exclure tout discours politique de nos lieux de culte ?», énonce la question adressée à Ahmed Taoufiq. Balafrej interroge également le ministre chargé des droits humains sur les mesures à prendre pour mettre fin aux violations de ces droits. «Plusieurs sources et militants des droits de l'homme rapportent que la région du Rif a connu une série d'arrestations arbitraires ayant concerné des militants d'Al Hirak, menées dans une violation flagrante de la liberté d'opinion et d'expression et du droit de manifester pacifiquement. Monsieur le ministre (chargé des droits humains, ndlr), quelles sont les mesures que vous comptez mettre en place afin de mettre fin à ces violations des droits de l'homme ?» Les reportages d'Al Oula et Médi 1 TV qui indignent les députés Le parlementaire a aussi interpellé Mohamed Laaraj, ministre de la Culture et de la communication au sujet de la diffusion d'«images mensongères» sur des télévisions publiques pour traiter des manifestations dans le Rif. Le parlementaire de la FGD rappelle que la SNRT et Médi 1 TV ont diffusé des images datant du 3 mars 2017, jour du match du Widad de Casablanca contre le Chabab Rif. Des hooligans avaient saccagé des biens publics pendant la rencontre, ce qui a permis aux deux chaînes d'«illustrer un reportage sur les manifestations de ce vendredi 26 mai» avec les images de l'après-match. «Ceci nous renvoie aux méthodes des régimes fascistes. Que comptez-vous faire Monsieur le ministre pour faire en sorte que l'audiovisuel public soit un média neutre dont l'objectif principal est d'éclairer l'opinion publique ?», s'interroge le parlementaire. Mohamed Khiyi El Khamlichi a quant à lui repris ses deux questions adressées respectivement aux ministres de l'Intérieur et de la Culture et de la communication. Pour le premier, Mohamed Khiyi El Khamlichi est revenu sur la répression d'une manifestation spontanée qui a eu lieu dimanche 28 mai à Tanger. «Une intervention violente des forces de l'ordre a été signalée. Les forces anti-émeutes sont intervenues pour disperser violemment les manifestations. Quelle sont les conditions qui ont nécessité cette intervention violente ? La loi a-t-elle été respectée dans la dispersion de cette manifestation ?», s'interroge le député parlementaire. Quant au message adressé à Mohamed Laaraj, le sujet n'est autre que les fameux reportages diffusés sur les chaînes du pôle public audiovisuel. Le parlementaire du PJD s'interroge surtout sur les mesures que Mohamed Laaraj compte mettre en place pour «corriger cette situation et déterminer les responsables de ces erreurs». Nos confrères d'Al 3omk ont rapporté hier soir les questions orales de deux autres parlementaires. Il s'agit de la députée Imane Yaacoubi et du conseiller Nabil Andaloussi. Les deux PJDistes ont adressé des questions orales au ministre de la Culture et de la communication, qualifiant de «dépassement dangereux» et de «violation flagrante de l'éthique professionnelle» les images utilisées par les deux chaînes. Ces différentes réactions, tout comme la sortie médiatique d'Ilyas El Omari, patron du PAM, interviennent au lendemain de l'arrestation de Nasser Zefzafi, leader de la «Mobilisation» dans le Rif.