Les dirigeants du football français envisagent-ils de diminuer le quota des jeunes footballeurs africains et maghrébins dans les centres formation ? Les résultats d'une enquête réalisée et publiée, jeudi 29 avril, par le site Mediapart.fr le laissent croire. L'actuel sélectionneur des Bleus, Laurent Blanc, aurait approuvé le projet. Les jeunes footballeurs africains et maghrébins sont-ils devenus encombrants sur les gazons français ? Le site Mediapart.fr a mené l'enquête (les résultats ont été repris par plusieurs sites) au sein des instances du football français. Il révèle les détails du nouveau projet de la Direction Technique National du Football en France (DTN) qui vise à réduire leur nombre. Limiter le nombre de joueurs africains et maghrébins «Plusieurs dirigeants de la DTN de la Fédération française de football (FFF),[…] ont approuvé dans le plus grand secret, début 2011, le principe de quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et les écoles de foot du pays», révèle l'enquête. Pis, «le chiffre de 30% a même été avancé, le 18 janvier 2011, par le directeur technique lors d'une réunion de la DTN». Pour être plus précis, le site affirme que « c'est un chiffre qui a été avancé lors d'une réunion qui s'est tenue à la DTN, le 8 novembre 2010». Cette mesure concerne les jeunes joueurs venus du Maghreb et des autres pays africains,et présents dans les équipes de foot ou centres de formation. La démarche consisterait à les « (…) limiter, en triant dés l'âge de 12-13 ans, le nombre de joueurs français de type africains et nord-africains». La DTN aurait même pris contact avec les centres de formation en vue d'appliquer ce tri. A en croire Mediapart, c'est la double nationalité de ces joueurs qui préoccupe les l'instance suprême du football français. Laurent Blanc consentant ? Une thèse plausible : devant les caméras de Canal +, Laurent Blanc, sélectionneur national, avait qualifié le choix de l'attaquant franco-sénégalais, Moussa Sow, actuel meilleur buteur de Ligue 1, de défendre les couleurs du Sénégal, de «grave problème pour le football français», avant d'ajouter «Il y a des joueurs qui font l'équipe de France U16, U17, U18, U19, U20, U21, qui font même l'équipe de France A, puisque quand on fait un match non officiel ça ne compte pas, et, au dernier moment, choisissent leur pays d'origine.» L'ancien champion du monde en 1998 a même invité la direction technique nationale à prendre des dispositions pour que ces bi-nationaux fassent un choix en amont. Selon Mediapart, l'entraineur de l'équipe de France adhère au nouveau projet de la DTN : «Laurent Blanc, aurait été présent lors de ces réunions et approuvé la mesure». Le principal concerné nie vigoureusement cette hypothèse. D'après Phillipe Tournon, l'attache de presse, de l'équipe de France, «Laurent Blanc récuse ces propos ineptes et contraires à sa philosophie». Il poursuit, «Laurent Blanc est outré qu'on puisse le mettre en cause de la sorte, toute discrimination étant insupportable à ses yeux […]». Ce matin, lors d'une conférence de presse tenue à Bordeaux, Laurent Blanc affirme que «c'est un sujet sensible. Pour moi, il n'y a pas de projet de quotas, c'est faux. Et c'est un mensonge de dire que le sélectionneur y a participé». Réactions du monde sportif La FFF est aussi montée au créneau pour démentir ces accusations. Son président, Fernand Duchaussoy, s'est dit «choqué et surpris» par cette information. «[…] Ce serait complètement anormal que ça se passe comme ça et je ne l'accepterai pas […]», ajoute-t-il. La secrétaire d'Etat aux sports, Chantal Jouanno, voudrait que la FFF apporte la lumière sur les révélations du site Mediapart.fr, car «on ne peut pas laisser courir cette rumeur. C'est tout l'esprit du foot, grand vecteur d'intégration nationale, qui tomberait». Pour clarifier les choses, elle propose de mettre en place «une mission d'inspection de la jeunesse et des sports». Pour l'ancien président de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf, c'est «un faux débat». Il pense que «le football français est à l'image de sa société. Il est raciste et il exclut». Ce racisme n'épargne pas non plus les entraineurs africains : «quand on voit que des joueurs noirs, dotés d'une grande capacité de suggestion, prétendent un jour embrasser la carrière d'entraîneur, on n'en veut pas». Lilian Thuram, l'ancien défenseur de l'équipe de France, prend acte des révélations de Mediapart. Toutefois, il s'est refusé à livrer un commentaire. «J'attends d'avoir plus d'éléments. C'est pourquoi, je souhaite m'entretenir avec les gens de Mediapart, mais «si cette histoire s'avère, elle ne doit pas s'arrêter là», a-t-il déclaré.