récente refonte des lois régissant la liberté d'expression au Maroc a laissé en place les fameuses «lignes rouges», déplore ce jeudi l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW). Dans un rapport de 36 pages intitulé «Les lignes rouges restent rouges : Réforme des lois sur la liberté d'expression au Maroc», elle critique notamment des «dispositions en vertu desquelles on peut se retrouver en prison pour s'être exprimé de manière non violente». L'ONG appelle le gouvernement et le Parlement à dépénaliser tous les délits relevant de l'expression non violente. Si le nouveau code de la presse a supprimé les peines de prison, le code pénal, pourtant révisé, en prévoit toujours, regrette HRW. Elle cite ensuite des cas dont les écrits ou discours publics «portent atteinte», d'après les institutions judiciaires, à la monarchie, la personne du roi, l'islam et l'«intégrité territoriale» du Maroc. Des tabous qu'elle qualifie de «sujets sensibles, connus au Maroc sous l'expression 'lignes rouges'». «Le nouveau code de la presse et de l'édition (…) supprime les peines de prison tout en continuant à prévoir des amendes (…) La révision du code pénal, en revanche, comporte des articles qui punissent de prison le franchissement des 'lignes rouges'.» HRW estime que beaucoup de délits sont «définis de manière très vague, ce qui accentue le risque de les voir utilisés par des juges pour réprimer la liberté d'expression». «À en croire le gouvernement marocain, le nouveau code de la presse est une grande avancée qu'il faut célébrer», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW. «Ce sera réellement le cas lorsque plus personne au Maroc ne sera menacé de prison pour s'être exprimé pacifiquement. D'ici là, il n'y a pas vraiment de quoi se réjouir.»