L'évolution des modes de communication au service du lien des Marocains Résidents à l'étranger avec leurs familles est-elle totalement…positive ? Oui mais non, ont répondu les deux invités de l'émission hebdomadaire à Radio 2M en partenariat avec Yabiladi.com. Dans le cadre de l'émission hebdomadaire consacrée aux Marocains à l'étranger lors de la matinale de ce mercredi, les animateurs de «Oui mais non» Fathia El Aouni et Youssef Ksiyer avec Mohamed Ezzouak, directeur de publication de Yabiladi, ont débattu des facilités et des difficultés des MRE pour communiquer avec leurs familles au Maroc. Pour retracer les évolutions dans l'histoire récente, le sociologue Hassan Bousseta et le metteur en scène Ismaël Saadi, auteur de la fameuse pièce de théâtre «Djihad», ont apporter un éclairage fait à la fois de leurs vécus respectifs mais également d'une thèse de doctorat conduite par une américaine. C'est d'abord un flash-back vers la fin des années 70, jusqu'aux années 90, où le téléphone même avec un fil n'était pas une évidence d'un côté et de l'autre de la Méditerranée. Après les lettres et avant les messages audio que les applications de VoIP permettent aujourd'hui, c'était le temps des cassettes audio, où un récit sous forme de monologue donnait les nouvelles de la famille. Transportées via des proches ou par autocar, il fallait pas moins de 15 à 20 jours pour arriver et autant pour envoyer une réponse jusqu'au pays. Plus tard, téléphoner a permis l'instantanéité, mais se révélait aussi compliqué. Il fallait pour téléphoner depuis l'Europe aller à la poste pour composer le numéro de l'épicier au Maroc (tout le monde n'avait pas encore le fameux téléphone fixe à cadran chez lui). Ce dernier par pure solidarité appelait le correspondant souhaité qui devait accourir pour répondre. Ceci dit, lorsqu'il s'agissait d'un douar où les postes téléphoniques étaient rares, c'est un rendez-vous sur plusieurs jours qu'il fallait établir pour passer cette communication. «Trop de communication tue la communication» Pour les digital natives que la plupart sont aujourd'hui, Ismaël Saadi nous rappelle l'usage du PVC «paiement contre vérification», un service d'appel avec lequel c'est l'appelé qui règle le coût de la communication. Surtaxée, elle était donc utilisée en cas d'urgence... enfin pas toujours. Ces modes de communication qui peuvent paraître aujourd'hui tout droit sortis de la 4ème dimension, avaient la particularité de rendre le contact avec ses proches rare et permettait de fantasmer le pays, explique Hassan Bousetta. Le sociologue a justement évoqué la thèse de doctorat évoquée plus haut sur les moyens de communications entre les MRE de Liège et leurs proches d'Oujda. «On s'est intéressé aux moyens de communication immatériels, la proximitéqui donne l'illusion d'une présence permanente, le sentiment d'une transparence complète, qui a achevé de construire des connexions.» A l'ère actuelle, la multiplication des supports a rendu la communication intense, ainsi qu'une proximité qui est parfois même devenue envahissante. Cette hyperconnexion a fait qu'on appelle de moins en moins du fait de cette abondance de moyens, afin peut-être de préserver l'intimité qu'offre la distance. Une manière également de perpétuer le pays fantasmé. Pour écouter le replay de l'émission cliquer ici : Your browser does not support the audio element.