Le ministre des MRE prendra-t-il le problème à bras le corps ? Interrogé lors d'une conférence de presse le mercredi 6 octobre sur la hausse continue et inexpliquée des prix des bateaux entre l'Espagne et le Maroc, il s'est dit choqué par cette inflation injustifiée et à déclaré avoir contacté les compagnies pour leur faire part de sa colère. C'est une histoire qui fait presque office de feuilleton sur Yabiladi.com puisque régulièrement nous analysons l'évolution tarifaire des bateaux vers le Maroc. Nous avons même comparé le coût au kilomètre à celui des trajets similaires entre la France et l'Angleterre par exemple, montrant ainsi la saignée que subissait le portefeuille des MRE. Nous avons également plusieurs fois interpelés le ministre sur cette question. La réponse se faisait allusive au départ et la prise de position était très timorée. Plus tard, lors de l'émission Biladi diffusée le 2 janvier 2010, le responsable de Yabiladi.com, Mohamed Ezzouak, a reposé la question des tarifs de bateau comme problème urgent pour les MRE se faisant ainsi le relais des différentes plaintes que nous avons reçus sur nos forums de discussions. Face à l'insistance de Yabiladi.com, il avait pour la première fois admis que c'était effectivement un problème qu'il fallait étudier. Aujourd'hui, les choses s'accélèrent. Premièrement, trois compagnies espagnoles opérant sur la ligne Algésiras-Sebta, ont récemment été condamnées pour entente sur les prix par la justice ibérique. Preuve est ainsi faite que la libre concurrence est entravée et contrairement à la baisse des prix qui aurait dû avoir lieu, les compagnies ont décidé de maintenir leur marge voire de l'augmenter substantiellement. Lors de la la présentation, le mercredi 6 octobre à Rabat, du bilan du programme d'accompagnement des MRE de l'été 2010, le ministre délégué de la Communauté marocaine à l'étranger Mohamed Ameur reprend d'ailleurs cet argument. «Je ne comprend pas pourquoi la concurrence n'ait pas fait baisser les prix. L'argument du prix du pétrole ne tient plus en 2009 et 2010.» A noter qu'ainsi, le ministre reconnait bel et bien qu'il y a entente des prix. Cette entente sur les prix ne se limite probablement pas à la ligne Algésiras-Sebta. Algésiras-Tanger est également très cher (cf. notre comparatif du cout au kilomètre). Sur la ligne Algésiras-Sebta, une étude récente de la Direction de la marine marchande espagnole a de plus estimé que les tarifs pourraient baisser de manière conséquente l'année prochaine. Une nouvelle preuve que les tarifs avaient atteints des sommets irréalistes. Quels sont donc les moyens d'actions du ministère ? Il peut diligenter une enquête avec le ministère des transports et de l'équipement pour évaluer les tarifs sur les destinations comme Tanger Med. Il aura ainsi les arguments pour faire pression sur les compagnies, qu'elles soient marocaines ou même européennes puisque c'est le Maroc qui accorde une autorisation de desservir un port marocain. Avec la décision de la justice espagnole il a entre les mains un moyen de pression énorme puisque les fraudeurs sont démasqués. L'enjeu est important pour le Maroc car cette année il y a eu 10% d'arrivées par bateau en moins. Et si plusieurs éléments peuvent expliquer cette baisse (ramadan, crise économique en Europe...), les réactions des MRE sur Yabiladi.com sont unanimes. Le prix du bateau devient de plus en plus un frein au retour estival au Maroc pour de nombreuses familles. L'ouverture de Tanger-Med avec des infrastructures modernes, spacieuses, structurées, n'a malheureusement pas pu éclipser l'amertume du prix payé pour traverser les quelques 14 km séparant le Maroc et l'Espagne.