Trois jours après la présentation des membres de son cabinet, El Othmani peine à arracher le soutien de son parti. Abdelilah Benkirane et le secrétariat général du PJD refusent de bénir son gouvernement. Situation inédite au Maroc pour un chef d'exécutif partisan. Ce samedi à Bouznika, au sortir d'une réunion du conseil national de la jeunesse du PJD, Abdelilah Benkirane a refusé de répondre aux médias sur ce qu'il pense du gouvernement El Othmani En revanche, le secrétaire général a tenté d'arrondir les angles, affirmant que «le temps de l'évaluation et de la reddition des comptes viendra pour identifier les responsabilités de chacun. Ce sera fait dans la quiétude et dans le cadre des institutions du parti». Il fait sans doute allusion au comité restreint qui a mené, au nom de la Lampe, les négociations pour le partage des maroquins au cabinet El Othmani. Ce comité était composé de Mustapha Ramid, Lahcen Daoudi et Saâdeddine El Otmani. Les «frères» refusent de donner la bénédiction à El Othmani Pour mémoire, Benkirane avait pris une certaine distance avec les dernières tractations ayant conduit à la présentation mercredi 5 avril, de l'actuel gouvernement. Une tactique judicieuse de sa part pour préserver sa capacité de rebond et affirmer davantage son emprise sur le parti et sa matrice, le Mouvement unicité et réforme. Par ailleurs, le secrétariat général du PJD est également sur la même longueur d'onde et ce malgré les appels du pied émanant du chef de gouvernement et de ses ministres. Ce qui devrait fragiliser davantage El Othmani devant ses autres alliés au sein de la majorité. Jamais depuis le gouvernement de l'Alternance dirigé par le socialiste Abderrahmane El Youssoufi, le Maroc n'avait connu pareille situation. Même le technocrate Driss Jettou avait réussi à rallier autour de lui les principales formations du pays : USFP, Istiqlal, RNI et MP. Depuis le 5 avril, la fronde contre El Othmani est montée d'un cran. Plusieurs cadres de la Lampe, y compris des députés et des membres du conseil national, appellent à un «soutien critique» du gouvernement.