Des acteurs politiques marocains ont réagi à la décision des monarchies du Golfe de classer le Hezbollah comme organisation terroriste. Si des membres de forces de gauche non-représentées au parlement ont dénoncé la résolution, les islamistes en revanche gardent le silence. Seul le cheikh Nahari a applaudi la décision et appelle même le gouvernement Benkirane à adopter une loi pénalisant le prosélytisme chiite au Maroc. Le 2 mars, les monarchies du Golfe ont décidé de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Au Maroc, l'initiative a été accueillie de manières très diverses. Des membres de forces de gauche, même s'elles ne partagent pas la ligne idéologique de la formation chiite libanaise, sont montés au créneau pour dénoncer la mesure prise par le Conseil de coopération du Golfe. Abderrahmane Ben Ameur, le secrétaire général du PADS, un parti non-représenté au parlement, affirme que le Hezbollah a fait mieux que toutes les armées arabes en obtenant «des victoires contre les sionistes». Il fait là référence au retrait de l'armée israélienne du sud du Liban en 2000 après 15 ans d'occupation et à la guerre de l'été 2006. L'ancien bâtonnier affirme par ailleurs que sa formation invite les partis dits «progressistes» marocains à condamner la décision des Etats du CCG ainsi que le communiqué du conseil des ministres arabes de l'Intérieur, réuni les 2 et 3 mars à Tunis. Khalid Soufiani et Annahj Addimocrati sont sur la même longueur d'onde L'appel du SG du PADS a déjà été entendu par la formation Annahj Addimocrati. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le parti d'obédience marxiste-léniniste a apporté son soutien sans faille au Hezbollah. Même son de cloche auprès de Khalid Soufiani. Sous sa nouvelle casquette de secrétaire général du Congrès arabo-islamique, une entité qui regroupe des partis panarabistes et islamistes dont le Hezbollah, basée à Beyrouth et proche du régime syrien, le Marocain s'inscrit en faux contre la mesure du CCG et des ministres arabes de l'Intérieur. Soufiani plaide également pour un «dialogue» entre les monarchies du Golfe et les chiites, réitérant que l' «ennemi de la oumma reste l'entité sioniste et le projet sioniste». Le cheikh Nahari plaide pour une loi pénalisant le prosélytisme chiite Le cheikh Nahari est jusqu'à présent le seul islamiste à s'être exprimé sur la classification du Hezbollah en tant qu'organisation terroriste. L'ancien imam d'une mosquée d'Oujda a, dans un enregistrement vidéo, salué la décision des monarchies du Golfe, estimant même qu'elle était «tardive». «Nous l'avons tant attendu. Combien le Hezbollah a-t-il tué au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen ?», s'est-il interrogé. «Les atrocités commises par l'organisation libanaises dépassent largement celles des sionistes», a-t-il poursuivi. Allant plus loin, le très controversé religieux a plaidé pour l'adoption au Maroc d'une loi pénalisant le prosélytisme chiite. «Je demande au gouvernement marocain et au parlement d'y plancher avec urgence», arguant que le chiisme «menace» la stabilité du royaume, selon ses dires. Nahari a mis en garde les Etats arabes et musulmans contre les conséquences de la connexion entre «le projet Safawi (perse) et les croisés».
