A Agadir, il serait possible d'acheter des peaux de renards, de loups, de chats sauvages…et les prix seraient revus à la baisse en cas d'achat de grandes quantités. Les faits ont été rapportés par un habitant de la capitale du Souss qui a dénoncé la situation sur Facebook, en publiant des photos de cette «marchandise» exposée notamment en centre-ville. Mais les autorités affirment ne pas en avoir d'informations sur un tel trafic. Peaux de renards en vente à l'entrée d'un bazar au centre-ville d'Agadir, lundi 29 février 2016. Photo/Reda Taoujni Peaux de renards en vente à 200 Dhs l'unité. Photo/Reda Taoujni Peaux de chats sauvages en vente à l'entrée d'un bazar au centre-ville d'Agadir, lundi 29 février 2016. Photo/Reda Taoujni Sur le site de web de la Wilaya d'Agadir, le portrait de la ville met notamment l'accent sur sa faune présentant «la splendeur» et la variété des espèces abritées dans ses forêts. Ces dernières risquent-elles de se vider de leur population sauvage à l'avenir si rien n'est fait ? C'est en tout cas le cri d'alarme lancé par Reda Taoujni. Une peau de renard à 200 dirhams, une peau de loup à 400 dirhams, ... Sensible aux questions écologiques, ce gérant de société de loisirs n'a pas pu s'empêcher de relayer ce qu'il a vu hier, lundi. «Enorme trafic de peaux d'animaux sauvages à Agadir», a-t-il dénoncé sur Facebook, photos à l'appui. A l'entrée d'un bazar du centre-ville, M. Taoujni découvre des peaux d'animaux sauvages exposées en assez grande quantité. «Il y avait des peaux de renard vendues à 200 dhs l'unité, de loup (400dhs), de chat sauvage (200dhs)…», détaille-t-il à Yabiladi, soulignant que pour de grandes quantités les prix sont revus à la baisse. «J'étais surpris de voir ça», ajoute ce gadiri. En se faisant passer pour un acheteur potentiel souhaitant acquérir une grande quantité de ces peaux, M. Taoujni sera encore plus surpris. «[Le vendeur] m'informe alors qu'il a la possibilité de me livrer une centaine de peaux de renard en deux semaines, le temps qu'il avise certains villageois», explique-t-il, ajoutant que le braconnier prévoyait la livraison d'une dizaine de peaux de loup en un mois et celles de chat sauvage en une semaine. «Le comble est que ces peaux sont exposées au vu et au su de tout le monde sans que personne ne bouge le petit doigt», s'insurge ce citoyen. A l'insu de la municipalité ? Et ce n'est pas tout. Au souk, le constat est tout aussi «écœurant» pour cet amoureux de la nature. «Les herboristes y vendent aux charlatans des hérissons, caméléons tortues de mer…», explique M. Taoujni, soulignant qu'on y trouve «même le faucon vendu à 150 dirhams». L'info a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, suscitant l'indignation des internautes qui se demandent ce que font les autorités de la ville pour que de telles violations de la loi se produisent au grand jour et en toute impunité. A la commune urbaine d'Agadir, pas moyens d'obtenir plus d'explications pour l'instant. «Personnellement, je ne suis pas au courant [de ce commerce au centre-ville et au souk, ndlr]», indique à Yabiladi une des responsables du bureau Environnement et Santé, demandant une requête écrite. «Cela me permettra d'avoir une trace pour que je puisse en parler au niveau du Conseil», ajoute-t-elle. Les Eaux et Forêts vont enquêter Au Haut-Commissariat aux Eaux et forêts, aucune information ne filtre non plus. «Quand nous recevons des informations de ce genre, nous faisons une descente sur le terrain afin de constater et prendre les mesures qui s'imposent», indique à Yabiladi le chef division des Parcs et réserves naturelles, Zouhir Amhaouch, soulignant que c'est ce qu'il fera avec ses équipes à Agadir. De son côté, Reda Taoujni est en train de mobiliser les associations de défense des animaux afin que des actions de groupe soient effectuées auprès des autorités. Rappelons que le trafic d'animaux est une pratique dénoncée au Maroc depuis des années. Et les récentes actions des ONG ont poussé les autorités à prendre un certain nombre de mesures, mais il semble que cela ne soit pas suffisant. Selon Zouhir Amhaouch, le Haut-Commissariat prépare actuellement un plan d'action national visant l'éradication du commerce illicite des animaux sauvages. «On vient, il y a à peine quelques jours, d'avoir la réunion d'Agadir», dit-il. «Ça ne m'étonne pas qu'il y ait des herboristes qui vendent des parties d'animaux. C'est quelque chose de connu dans tout le Maroc», ajoute-t-il, affirmant que l'éradication de cette pratique fait également partie des objectifs du Haut-Commissariat.