Ce n'est un secret pour personne que Mohammed VI et José Maria Aznar ne s'appréciaient guère. C'est ce que confirme l'ancien directeur du Centre supérieur de la Défense, Jorge Dezcallar, dans un entretien avec un média espagnol. Le patron des services de renseignements espagnols en 2004, confirme que le roi Mohammed VI avait peu d'estime pour l'ancien chef du gouvernement espagnol. Et pour preuve, Jorge Dezcallar rapporte une anecdote de Mohamed Benaïssa, ancien ministre des Affaires étrangères marocain. Il explique que le roi Mohammed VI quittant une réunion avec José Maria Aznar aurait lancé dans un moment de colère, la phrase suivante : «Cet homme est d'une arrogance inacceptable ». Pourtant au-delà des considérations personnelles, les deux pays peuvent parfois parvenir à une entente dans le sens des intérêts communs. Dans l'entretien avec la même source, l'ambassadeur d'Espagne au Maroc entre 1997 et 2001, évoquait sa mission à la tête des services de renseignement et de contre-espionnage mais aussi comment il a fait face aux attentats de Madrid en 2004. A la question de savoir si les difficultés dans l'avenir des services de renseignement ont pu influencer le manque d'harmonie entre Mohammed VI et Aznar, le diplomate répond en revenant sur un épisode des relations maroco-espagnoles. « Je pense que les Marocains étaient un peu habitués au style de Felipe González [chef du gouvernement espagnol de 1982 à 1996 ; NDLR] ; leur dire ce qu'ils voulaient entendre et ensuite faire ce qui devait être fait », analyse l'ancien patron des services secrets espagnols. Il poursuit «Aznar est un homme politique qui a une vertu rare, il dit ce qu'il peut faire. Et les réunions qu'il a eues avec les Marocains n'ont pas été pas faciles. Nous avons beaucoup collaboré sur le terrorisme, nous avons des désaccords sur des questions importantes à Ceuta et Melilla, le Sahara, la délimitation des eaux... Nous avons un millier de problèmes qui, heureusement, sont mis de côté dans ces moments car il y a une volonté de la part des deux pays que cela n'interfère pas dans les relations bilatérales, mais ils sont là et peuvent être remis sur la table à tout moment» conclut-il pour parler du Maroc.