Le CCME s'avance de plus en plus sur le terrain religieux. Après la conférence organisée en mai dernier pour qu'il y a ait désormais plus d'imams marocains adaptés au contexte européen, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) appelle le Maroc à renforcer la surveillance du discours religieux dans les mosquées en Europe. Le Maroc et les pays européens devraient redoubler d'effort dans la stricte surveillance du discours religieux tenu dans les mosquées. C'est ce que pense le représentant à Madrid du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et spécialiste de l'immigration, Mohamed Haidur, qui s'est entretenu à Rabat lundi avec l'agence de presse espagnole EFE. D'après lui, l'Espagne est un cas typique de la montée des mouvements radiaux au cours de ces dernières années en Europe, notamment depuis les attentats de Madrid en mars 2004 qui avait fait 193 morts et poussé le Maroc et son voisin ibérique à établir une coopération antiterroriste très étroite jusqu'à ce jour. Mohamed Haidur estime qu'en raison des différentes méthodes utilisées par les mouvements radicaux pour séduire les musulmans en Europe, les mosquées doivent être des lieux où les membres de la communauté peuvent être suffisamment armés pour résister aux thèses radicales. «La mosquée devrait servir à enseigner les valeurs universelles et démocratiques, ce qui n'est malheureusement pas le cas», regrette ce responsable du CCME, estimant que la formation des imams fait encore défaut. Changer le modèle actuel Pour remédier à la situation, M. Haidur réitère les propositions émises par le CCME lors de la conférence organisée en mai dernier à Marrakech qui réunissaient une soixantaines d'imams venus des pays européens à forte communauté marocaine : adapter le profil des imams marocains au contexte du pays d'accueil. Le représentant du Conseil va même plus loin, estimant qu'il faudrait changer le modèle actuel qui consiste à faire partir les imams du Maroc pour les pays européens. D'après lui, prendre des imams en Europe et les envoyés à la formation du rite malékite au Maroc serait «préférable», car cela permettrait d'avoir des imams pleinement imprégnés de la culture des pays d'accueils. Cette sortie médiatique de Mohamed Haidur témoigne encore de la présence de plus en plus forte du CCME sur le terrain religieux. D'ailleurs en mai, le Conseil a annoncé que plusieurs autres conférences autour de ce sujet seraient organisées dans les mois à venir, une sorte de réaction à la montée de la radicalisation des jeunes qui donne lieu à la stigmatisation de la communauté musulmane en Europe.