A peine remis au Premier ministre français qu'il provoque un déluge de réactions. Très applaudi à droite, le rapport du député socialiste, Malek Boutih fait couler beaucoup d'encre et de salive. C'est un rapport applaudi des deux mains par la droite française. Le député socialiste de l'Essone, Malek Boutih vient de remettre au Premier ministre français un rapport sur la radicalisation des jeunes français. Dans ce rapport intitulé «Génération radicale», l'ancien patron de SOS-Racisme y fait «l'analyse et la prévention des phénomènes de radicalisation et du djihadisme en particulier». Et d'emblée, il dresse un constat : «Le succès des recruteurs djihadistes auprès des jeunes repose sur l'adhésion à un projet politique entrant en résonance avec leurs préoccupations internationales et leur rejet de la société démocratique occidentale, plus qu'à une doctrine religieuse fondamentaliste». Avant de tirer la conséquence qu'une «grande partie de la jeunesse se détourne» du modèle de société proposée par la France. L'ancien président de SOS-Racisme décrit dans son rapport «une jeunesse frustrée, prête à basculer» car elle ne se reconnaît pas dans les concepts abstraits de République ou encore de valeurs démocratiques. Effet de masse et risque de contagion chez les jeunes non radicalisés Le député socialiste estime que le radicalisme va évoluer crescendo dans la société française puisque le jihadisme constitue une offre plus concrète et qu'il est vu par les jeunes comme «une solution globale». «L'ampleur du phénomène et sa pénétration dans tous les milieux, avec la radicalisation de jeunes étudiants, et de jeunes filles en particulier, indiquent qu'on pourrait basculer dans un phénomène de masse», fait remarquer Malek Boutih qui attire l'attention sur un effet de masse et de contagion chez les jeunes non encore radicalisés. «Très juste» pour Bruno Le Maire, le rapport est décrit comme «édifiant et sans langue de bois» pour Roger Karoutchi. Le maire FN de Marseille, Stéphane Ravier s'est quant à lui félicité qu'un socialiste écrive un tel rapport. Il a écrit sur twitter « Malek Boutih craint que la dérive islamiste en France ne se transforme en phénomène de masse. Si même un socialiste le dit» Toutes ces personnalités du parti «Les Républicains» ou d'extrême droite approuvent les lignes du rapport commandé après les attentats de janvier dernier en France. Dans son propre camp socialiste, resté silencieux depuis la remise du rapport, pas ou peu de réactions. Le Premier ministre, Manuel Valls, a déclaré, en marge d'un déplacement, qu'il partageait l'analyse de Malek Boutih. «Il porte un constat extrêmement lucide sur une partie de notre jeunesse qui s'est radicalisée pouvant amener certains à basculer vers le terrorisme» commente Manuel Valls. «La réponse ne peut pas être que policière et judiciaire, ça ne peut pas être que la réponse des services de renseignement, c'est une réponse en profondeur», a ajouté Manuel Valls à qui Malek Boutih propose dans son rapport l'instauration d'un établissement public sous l'égide du Premier ministre afin de prévenir la radicalisation. Mais du côté de la twittosphère, Malek Boutih essuie plusieurs critiques, notamment sur les personnalités consultées pour les conclusions du rapport comme le révèle Buzzfeed. Le député socialiste a en effet interrogé la figure de proue de la Manif pour tous, Frigide Barjot ainsi que le très controversé Jean-Paul Ney. Ce dernier, consultant pour la chaîne i24news, est connu pour avoir diffusé le nom d'un lycéen mineur qu'il accuse à tort d'être le complice des frères Kouachi au lendemain des attentats de Paris et ses différentes sorties haineuses. La participation de ce dernier est aussi remise en cause car ce serait lui même qui se serait proposé et il n'y aurait eu aucune recherche sur lui. Pour son Rapport-Commande-Edito sur le "djihadisme", Malek #Boutih a auditionné le délicieux type ci-dessous. Oui. pic.twitter.com/ycWgLXM8W0 — Abdelkrim Branine (@krimbranine) 3 Juillet 2015 Rapport sur #Djihadisme: #Boutih, ex-PDG de #SOSracisme, a sollicité 1 "expert" qui parle de "négros" et de "guenon" pic.twitter.com/W4cSrdjBzP — Abdelkrim Branine (@krimbranine) 3 Juillet 2015 Jean-Paul Ney contributeur du rapport sur le djihadisme de Malek Boutih - L'explication: http://t.co/CmTyTZQYqQ pic.twitter.com/dVKQA1wsct — David Perrotin (@davidperrotin) 3 Juillet 2015 Invitée sur France Info, la présidente du Centre de prévention des dérives sectaires liées à l'Islam, Dounia Bouzar, a tenu à apporter la riposte au texte de Boutih. Elle dénonce un rapport qui escamote le processus d'embrigadement et dont les éléments «anachroniques», «font des relations idéologiques de cause à effet». Elle réfute également la catégorisation des jeunes susceptibles d'être embrigadés. Elle reproche au rapport «un manque de connaissance des processus qui font basculer ces jeunes dans un autre monde» puisque des jeunes de catégorie sociale plus élevée se retrouvent au coeur du jihadisme.