Dalil Boubakeur confiait samedi dernier son souhait de doubler le nombre de mosquées en France. Une idée appuyée aujourd'hui par Tareq Oubrou. Pour lui, c'est une nécessité, un avis partagé par certains politiques. Détails. «Il est très évident depuis un certain nombre d'années que les lieux de culte ne répondent plus en termes d'accueil à la demande de plus en plus massive des musulmans», affirme le recteur marocain de la Grande mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, ce mardi midi au journal télévisé de France 3 Aquitaine. Il était invité pour revenir sur l'appel à doubler le nombre de mosquées en France dans les deux prochaines années lancé, samedi dernier, par le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur. Et c'est vraiment le cri de cœur des responsables religieux musulmans de l'Hexagone. Le président de l'Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), Amar Lasfar, expliquait qu' «il faut que le nombre de mosquées reflète le nombre de musulmans (...)». Préparer les équipes Selon le CFCM en effet, le nombre de moquées en France est de 2 200 pour les 5 millions de fidèles musulmans que compte le pays. De nombreux projets sont en cours, mais plusieurs sont en stand-by parfois en raison de l'opposition des riverains comme c'est le cas à Blaye. Pour tous ces fidèles qui peinent à avoir un lieu de culte, la proposition de Dalil Boubakeur ne serait que salutaire si elle était mise en œuvre. D'après Tareq Oubrou, un travail organisationnel de fond devra se faire en amont en vue de préparer les équipes qui seront chargées de gérer ces mosquées. Il estime que la réalité de la radicalisation à laquelle l'islam de France fait face, impose une formation pointue des imams et de tous les intervenants dans la gestion mosquées. Il faudrait «s'inscrire dans une théologie préventive, donner aux jeunes une religion qui leur permette d'être en phase avec le monde et de prévenir les dérives, parce qu'aujourd'hui, il y a une compétition entre les mosquées et internet. La religiosité se développe souvent sur internet et pas dans les mosquées, parce qu'il n'y en a pas assez», explique l'imam bordelais. Soutien politique Actuellement, l'augmentation du nombre des mosquées souhaitée par les responsables religieux musulmans en France fait beaucoup parler. Et si certains politiques d'opposent à l'idée de Dalil Boubakeur, d'autres vont plutôt dans le même sens. C'est le cas du secrétaire d'Etat chargé de la Simplification, Thierry Mandon. « Il n'y a pas assez de mosquées en France», a-t-il déclaré sur I-Télé ce mardi matin, estimant que le manque de lieux de cultes "décents" était un des facteurs de la radicalisation. Actuellement, les médias soulèvent la question du financement, mais Bernard Godard, un ancien du Ministère de l'Intérieur au Bureau Central des Cultes, chargé des relations avec les Musulmans, y a répondu Europe 1. «Ce sont d'abord les fidèles qui payent pour les financements des lieux de culte», a-t-il affirmé. Ce que confirme un récent rapport déposé au Sénat, soulignant qu'un infime partie du financement proviendrait de l'étranger.