Après les fameuses propositions condamnant la normalisation avec Israël en 2013 et un amendement pénalisant les échanges commerciaux avec ce pays en 2014, l'Etat hébreu est à nouveau à l'ordre du jour du parlement marocain. Cette fois, il s'agit d'un projet visant à retirer la nationalité marocaine des Israéliens vivant dans les colonies. L'opposition parlementaire souhaite la déchéance de la nationalité des Israéliens d'origine marocaine résidant dans les colonies construites après la guerre de juin 1967. A cet effet, les députés Istiqlal, PAM, USFP et UC ont présenté un projet d'amendement du Code de la nationalité, un texte adopté le 6 septembre 1958 et dont la dernière modification date du 23 mars 2007. La proposition a été déposée à la Commission de justice, de législation et des droits de l'Homme de la Chambre des représentants. Aucune date n'a été encore fixée pour son examen. L'initiative s'appuie sur une lecture unilatérale de l'article 19 du Code. Celui-ci prévoit de sanctionner de la perte de la nationalité toute personne d'origine marocaine exerçant une mission civile ou militaire, sous la bannière d'un autre pays, lorsqu'elle est «contraire à l'intérêt national». L'opposition estime que le royaume de par ses engagements internationaux de «respecter les droits de l'Homme» et d'«œuvrer pour la paix», se doit d'adhérer à sa proposition. Chasser sur le terrain du PJD Visiblement, les formations de l'opposition ne se lassent pas de présenter des textes condamnant les relations maroco-israéliennes. Preuve en est cette nouvelle surenchère politicienne. Celle-ci intervient seulement quatre mois après une opération similaire ayant visé la pénalisation des échanges commerciaux avec Tel-Aviv que le gouvernement Benkirane avait rejeté lors de l'examen de la loi de finance 2015 à la Chambre des représentants. Ces manœuvres sont surtout destinées à combler le vide laissé sur ce front par les membres du parti de la Lampe après leur basculement dans les rangs de la majorité. L'Istiqlal, le PAM, l'USFP et l'UC tentent ainsi de jouer la carte des relations économiques avec Israël ou de la communauté israélienne d'origine marocaine pour embarrasser l'exécutif sur des questions dont le PJD avait fait un fonds de commerce et ce jusqu'au lendemain des élections du 25 novembre 2011. De toute évidence, les chances que ladite modification soit adoptée sont nulles. Ce projet devrait connaître le même sort que les propositions de loi, déposées fin 2013, prévoyant des peines d'emprisonnement et des amendes contre toute personne oeuvrant pour la normalisation avec Israël.