Depuis les attentats du 11 mars 2004, Madrid s'efforce de préserver sa coopération sécuritaire avec le Maroc à l'abri des aléas politiques. Une collaboration alimentée par des décorations de hauts gradés du royaume chérifien. La dernière en date est celle attribuée à Abdellatif Hammouchi, alors même que ce dernier était en plein coeur d'un bras de fer entre le Maroc et la France. Le 22 octobre 2014, le gouvernement espagnol décorait le patron de la DST de la «Croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge». Une décoration remise au siège de la direction générale de la police à Madrid, par le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité, Francisco Martínez. Presque sept mois plus tard, l'exécutif dirigé par Mariano Rajoy justifie la décoration de Abellatif Hammouchi pour services rendus dans la lutte contre les cellules islamistes. C'est la position exprimée par le ministère de l'Intérieur dans une réponse à une question écrite émanant de certains députés d'extrême gauche, indique aujourd'hui l'agence Europa Press. «La police marocaine et son homologue espagnole effectuent un travail exemplaire, coordonné et consolidé durant les dernières années, contre la menace du terrorisme jihadiste», précise le département de Jorge Fernández Díaz. «Les deux Corps maintiennent un excellent niveau de confiance, de reconnaissance et de respect mutuel de surcroît dans un domaine tellement sensible et complexe qu'est la lutte contre le terrorisme», ajoute le texte. Avant Hammouchi, il y avait les cas Benslimane et Laânigri Les arguments du ministère espagnol de l'Intérieur n'ont cependant pas convaincu les auteurs de la question écrite. L'un d'eux Gaspar Llamazares, d'Izquierda unida (Gauche unifiée), dénonce la décoration Hammouchi alors qu'en France des plaintes sont déposées contre lui pour «torture» et «complicité de torture». Dans ses déclarations à l'agence Europa Press, le député, un fervent défenseur du Polisario, explique que la distinction du chef de la DGST n'est pas sans rappeler celle de Hosni Benslimane. En 2005, le gouvernement du socialiste Zapatero avait décoré le patron de la gendarmerie royale de la Grand-croix de l'Ordre d'Isabelle la Catholique. Llamazares a oublié de mentionner que Benslimane avait également effectué un voyage officiel en Espagne, quelques mois seulement après que le juge français, Patrick Ramël, n'ait lancé un mandat d'arrêt contre lui dans l'affaire de l'assassinat de Mehdi Ben Barka. Enfin, une autre distinction d'un haut gradé sécuritaire marocain a échappé au député espagnol. En effet, l'ancien chef de la DST et de la police, Hamidou Laânigri, avait bénéficié du même hommage.