L'Union européenne n'a jamais été aussi dynamique, réactive et volontaire que lorsqu'elle a dû démontrer qu'elle était capable de résoudre des tensions pouvant dégénérer en conflit entre pays membres. Ce fut le cas pour le charbon, l'acier, le commerce ou encore la monnaie; aujourd'hui, c'est la gestion commune de l'immigration qui constitue un enjeu de taille. Aujourd'hui, l'Europe compte près de 35 millions d'étrangers légaux, soit 6% de la population de l'UE. Une moitié est ressortissante d'un autre Etat de l'Union et une autre moitié vient du reste de l'Europe et du reste du monde. Leur nombre augmente de 500.000 personnes par an, légaux ou pas. Au total, il faut savoir qu'il y a en proportion plus d'immigrants en Europe qu'aux Etats-Unis. Du coup, comment est-il possible que l'UE tarde à définir et à tracer une politique commune en matière de gestion des flux migratoires ? Si chaque Etat membre de l'UE veut conserver sa politique de l'immigration, il faudrait alors remettre en cause la libre circulation des personnes et des biens et donc la totalité de l'acquis communautaire. Le marché unique et la monnaie unique ne pourront survivre à long terme sans une politique commune de l'immigration. Alors que la Chancelière Angela Merkel vient d'annoncer «l'échec» des politiques d'intégration des populations étrangères en Allemagne - pays qui compte environ 4,5 millions de musulmans – que Nicolas Sarkozy joue sur les peurs en stigmatisant une catégorie de la population, que José Luis Zapatero fait face à une crise sociale qui «fragilise» les personnes d'origine étrangère, l'UE paraît bien timide. Voire très discrète. S'il existe en théorie une politique commune des visas et du regroupement familial avec la mise sen service d'une «carte bleue», qui fait office de titre de séjour pour les personnes hautement qualifiées, il n'en reste pas moins que le chemin est encore long. En effet, quid de la politique… commune ? Elle parait bien illusoire au vu de son contenu car elle prévoit de très longues périodes transitoires et de nombreuses possibilités de dérogation en tout genre. Une Chancellerie de l'Europe A quand une structure (commune) de type «Chancellerie de l'Europe» qui viendrait remplacer antennes consulaires des pays membres de l'UE ? Cela permettrait de donner plus de visibilité à ceux qui souhaitent rejoindre l'Europe. Tant au niveau du régime d'octroi des visas de longue durée, des conditions légales de séjour, que en matière de définition du droit d'asile, des politiques d'intégration, des politiques de régularisation ainsi que des règles d'acquisition de la nationalité. Pour cela, L'Union européenne devra, entre autres, construire une politique globale en matière de gestion de l'immigration, définir les contingents d'étrangers à accueillir, mettre en œuvre une politique d'attraction des compétences et définir des partenariats (clairs) avec les pays d'origine et de transit. Faute de quoi, le radicalisme et l'extrémisme ne pourront être combattu efficacement et éradiquer durablement. Comme du reste le nationalisme qui ne cesse de se nourrir du populisme ambiant.