Six semaines avant l'assassinat de Ben Barka, le Maroc avait permis au Mossad de mettre la main sur les documents et les enregistrements d'une réunion de la Ligue arabe, tenue en septembre 1965 à Casablanca. C'est ce que vient de révéler, aujourd'hui, un quotidien israélien. De nouvelles révélations sur les liens entre le roi Hassan II, le Mossad et l'assassinat de l'opposant Mehdi Ben Barka. Aujourd'hui, un site palestinien publie un article du quotidien Yediot Ahronot, annonçant que la hiérarchie militaire israélienne vient d'autoriser la diffusion d'informations, avec le témoignage de Meit Amir, le chef du Mossad de l'époque, sur une opération menée par le contre-espionnage israélien au Maroc durant les années soixante. Elle consistait à mettre sur écoute une session de la Ligue arabe, tenue du 13 au 18 septembre 1965 au royaume. Une réunion très connue dans l'Histoire du panarabisme par la signature d'un pacte de solidarité entre les différents membres de la ligue dit «Pacte de Casablanca». Des agents du Mossad présents ? Le journal israélien indique que Hassan II était initialement prêt à réserver aux agents du Mossad tout un pavillon de l'hôtel où devait se dérouler le sommet des chefs d'Etats arabes afin de suivre de très près leurs interventions mais surtout celles des chefs des armées. A la dernière minute, le roi craignant que des membres des délégations arabes puissent reconnaitre la véritable identité de Meir Amit, le directeur général du Mossad (1963-1968), dans les couloirs de l'hôtel casablancais, avait changé d'avis. En dépit de ce revirement, la partie israélienne a eu accès à tous les documents et aux précieux enregistrements des interventions des militaires arabes. Ceux-ci avaient permis aux responsables de Tel-Aviv de jauger de la capacité des armées des pays de la Ligue à livrer bataille contre l'armée israélienne. En juin 1967, Israël sortait victorieuse de sa rapide guerre contre l'Egypte et la Syrie, occupant le Sinaï, le Golan, Gaza et Al Qods. Ben Barka assassiné six semaines après la réunion de Casablanca En échange du service rendu par le Maroc à Israël, le Mossad s'était engagé à suivre les déplacements de Mehdi Ben Barka en Europe. Une mission facilitée par la présence sur le territoire français, avec la bénédiction de Charles de Gaulle, d'une antenne du Mossad. C'est justement ce bureau qui avait permis d'une part de piéger Ben Barka avec le projet de film historique et d'autre part faciliter aux agents des services secrets marocains l'entrée en France avec de faux passeports. A l'époque, l'opposant vivait des moments difficiles. Le coup d'Etat, du 10 juin 1965 en Algérie, contre le président Ahmed Ben Bella, avait impacté ses finances et la réalisation de son projet de la Tricontinentale. La suite est connue et ne fait que corroborer les révélations de l'ex-agent du Mossad, Rafi Eitan. Celui-ci déclarait, en décembre 2014, à une chaîne israélienne qu'il avait conseillé à Ahmed Dlimi de se débarrasser du corps de Ben Barka dans un récipient rempli de chaux pour ensuite brûler le tout.