Depuis une dizaine d'années, le Maroc s'est engagé dans une transition démocratique et vers l'instauration d'un Etat de droit. Cela s'est traduit par un élargissement des espaces dédiés au champ des libertés, notamment la liberté d'expression pour la presse, ainsi que pour la société civile. La presse écrite (médias dits indépendants) a connu un développement soutenu. Tandis que l'abandon du monopole de l'Etat dans le secteur audiovisuel a permis une augmentation du nombre de radios offrant ainsi aux auditeurs une offre plus riche et plus diversifiée. Cependant, plusieurs poursuites judiciaires, qui se sont soldées parfois par des amendes disproportionnées susceptibles de mettre en faillite des entreprises de presse, des peines privatives de liberté, montrent que la liberté de la presse reste à consolider. C'est dans cet esprit que la Commission européenne a décidé d'organiser, les 27 et 28 septembre 2010 à Rabat, un séminaire «Société civile / UE / Maroc» sur le thème de la liberté de la presse. «Dans la cadre du statut avancé qui vise à un rapprochement du Maroc et de l'Union européenne sur la base de valeurs communes, l'UE peut apporter une contribution utile au débat. Confrontés à des défis similaires, l'UE, le Conseil de l'Europe et leurs Etats membres ont développé une expérience riche et diversifiée relative à la législation, aux mécanismes de protection, d'encadrement et d'appui à la liberté de la presse», indique un haut fonctionnaire à la Commission européenne à Bruxelles. En janvier 2010, 8 groupes parlementaires ont pris l'initiative d'organiser un débat national «sur la place et l'avenir des médias et de la presse dans la société marocaine». L'objectif est de permettre à tous les acteurs concernés de dialoguer sur le devenir du secteur et d'aboutir à une vision commune susceptible d'inspirer des réformes et des stratégies à venir. Une série d'auditions et de tables rondes a été organisée avec les professionnels, la société civile et les pouvoirs publics. Le résultat de ce débat sera présenté sous forme d'un livre blanc, fin 2010. Si la dernière révision du code la presse, en 2002, a réduit significativement les peines d'emprisonnement pour les journalistes, il n'en reste pas moins que celles-ci sont maintenues dans leur principe tandis que la notion de diffamation a été élargie. Un projet de réforme du code de la presse initié en 2007, qui a fait l'objet de discussions et de débats entre le gouvernement et les professionnels du secteur, est toujours en stand by. L'accès à l'information reste difficile et la protection des sources n'est pas garantie par la justice ou d'autres forces de sécurité. Si les débats devraient être denses et constructifs, seul bémol, l'absence de Khalid Naciri, ministre de Communication et porte parole du gouvernement, au séminaire. Pourquoi ? Difficile de savoir. Du côté de la Commission européenne, on n'a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet. 70 paticipants au séminaire sur la liberté de la presse Environ 70 participants parmi des hauts fonctionnaires marocains, des experts en droits de l'homme, des avocats, des universitaires, des représentants d'ONG nationales et internationales, des représentants des médias, des représentants des institutions européennes ainsi que des acteurs de la société civile marocaine, sont attendus à ce séminaire. Ils se pencheront sur la problématique de la liberté de la presse dans les contextes marocains et européens à travers 4 thématiques : liberté de la presse en lien avec le code de la presse, liberté de la presse et déontologie professionnelle, liberté de la presse et relation avec la justice, liberté de la presse et accès à l'information.