Le nouveau rapprochement entre le Maroc et l'Egypte inquiète le pouvoir algérien au point que Ramtane Lamamra a téléphoné à Sameh Choukri, quelques heures seulement après les entretiens entre Mohammed VI et Al Sissi. Visiblement, la normalisation accélérée des relations entre Rabat et le Caire inquiète Alger. La presse locale avait rapidement sonné le tocsin contraignant le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra, à téléphoner à son homologue égyptien pour aborder essentiellement la question du Sahara occidental. Une conversation qui intervient quelques heures après les entretiens entre le roi Mohammed VI et Abdelfattah Al Sissi. «Les deux ministres ont souligné la nécessité de parachever le processus onusien pour son règlement conformément aux décisions de l'Assemblée générale des Nations unies et du Conseil de sécurité», indique un communiqué des Affaires étrangères relayé par l'APS. La visite de Sameh Choukri au royaume a été sanctionnée par une déclaration finale dans laquelle, le ministre égyptien des Affaires étrangères «a réaffirmé l'attachement de l'Egypte à l'unité territoriale du Royaume du Maroc et à la solution onusienne à la question du Sahara, ainsi que son soutien aux résolutions du Conseil de sécurité concernant le projet marocain d'autonomie et l'accueil favorable qu'a recueilli l'effort marocain, sérieux et crédible, pour aller de l'avant vers un règlement» de ce conflit. Faibles échos dans les médias du Caire L'appel téléphonique entre Lamamra et Choukri a bénéficié, comme il se doit, d'une large médiatisation en Algérie. Quasiment tous les supports importants ont repris la dépêche de l'APS mais en évitant de la placer dans le contexte du rapprochement maroco-égyptien. En revanche du côté du Caire, la presse s'est contentée de rapporter la nouvelle sans grand enthousiasme, se contentant de retranscrire les déclarations du porte-parole du ministère des Affaires. Celui-ci a signalé que la conversation a porté sur les crises libyenne et yéménite, sans la moindre mention du Sahara occidental. Justement la position égyptienne sur la Libye est un sujet d'inquiétude pour les responsables algériens. Ces derniers craignent un basculement du régime d'Al Sissi dans les rangs des Etats favorables à une intervention militaire étrangère contre les groupes terroristes. Une option qui sonnerait le glas de son club des «Pays voisins de la Libye» qu'elle anime au côté de l'Egypte suivis par le Tchad, le Soudan, la Tunisie, et le Niger.