Mi-novembre, le chef de Daesh appelait ses fidèles au Maroc à empêcher la montée des partis laïcs. Deux mois plus tard, il change radicalement de position en les invitant, cette fois, à rallier l'Etat islamique wilaya de Berka. L'imminence d'une offensive française pourrait avoir dicté ce revirement d'Al Baghdadi. Aboubakr Al Baghdadi a besoin de nouveaux recrues. Il vient d'inviter les Marocains aspirants au djihad à prendre la destination de la Libye en vue de rejoindre l' «Etat islamique wilaya de Berka», l'antenne locale de Daesh dont la capitale est Derna, située à l'extrême Est du pays, réputée être un des bastions des intégristes même au temps du régime Kadhafi. Le même appel a été adressé aux radicaux tunisiens. Le chef de Daesh courtise les Marocains L'étau des services de sécurité se resserre sur les milieux salafistes marocains. La dernière série des démantèlements des cellules terroristes en est bien la preuve. Al Baghdadi estime que la Libye offre un refuge pour les futurs combattants souhaitant fuir les arrestations et les restrictions et en même la terre idoine pour leur djihad, plus «proche» géographiquement du royaume. En bon communicateur, l'autoproclamé calife n'a pas tari d'éloges sur ses futurs guerriers marocains, vantant leurs courages dans les combats. L'apport des combattants locaux dans l'offensive de Daesh en Irak était primordial, notamment grâce à la brigade des hommes-suicides. La diffusion de cet appel coïncide avec les travaux de la réunion de Genève entre les factions rivales libyennes. Celle-ci s'est conclue ce jeudi par la promesse de former un gouvernement d'unité nationale. Al Baghdadi anticipe des frappes françaises sur Berka Bien avant l'attaque contre Charlie Hebdo du 7 janvier, Paris a mené une campagne en faveur d'une mobilisation internationale contre la poussé de Daesh en Libye, principalement à Berka. Fin décembre le ministre de la Défense, Jean Jean-Yves Le Drian, a alerté des dangers de la «résurgence d'un sanctuaire terroriste dans l'environnement immédiat du continent européen». Quelques jours plus tard, le quotidien Le Parisien, citant des sources militaires, n'écartait pas la possibilité d'une mission du porte-avion Charles de Gaulle en Libye en vue d'appuyer la coalition anti-Daesh. La vague terroriste qui a frappé la France pourrait accélérer le cours des événements. D'autant que dans son message de vœux du 14 janvier, le président Hollande a regretté que la communauté internationale n'ait pas agi "en temps voulu pour faire cesser les massacres en Syrie et empêcher les extrémistes de gagner plus de terrain encore". Paris ne souhaite pas que la Libye soit une autre terre du terrorisme sur la rive sud de la Méditerranée.