Si la baisse des arrivées de Marocains de l'étranger (MRE) par bateaux observée depuis la mi-juillet est toujours de mise, bon nombre d'entre eux sont retournés ou ont emprunté le chemin du retour. Objectif, passer le mois sacré du ramadan, qui commencera dans quelques heures (la date approximative est le 11 août) selon les pays, dans leur lieu de résidence. Quelles sont les explications possibles de ce retour d'avant ramadan ? Le 9 août, 10 622 personnes et 2925 véhicules (légers et autocars) ont embarqué dans les ports espagnols pour le Maroc. Dans la même journée, 24 814 individus et 6442 automobiles ont effectué le trajet inverse. Au total, depuis le début effectif de l'Opération Marhaba le 5 juin dernier, 1 123 503 passagers sont arrivées au Maroc ; contre 1 266 600 passagers au 9 août 2009. Avec le démarrage de la phase retour le 15 juillet, 478 904 personnes ont déjà quitté le territoire national. A la même période de l'année dernière, ils étaient 343 213 personnes. Nous avions déjà évoqué l'incidence des prix élevés de la traversée sur la diminution du nombre de vacanciers, mais aussi du mois de jeûne, à cause duquel l'Opération Marhaba a commencé plus tôt cette année. La partie espagnole avait même prévu pour le week-end du 6 jusqu'au 9 août, un pic de retours en Europe. Si on ne peut pas parler de pic, on remarque cependant que beaucoup d'entre eux ont écourté leurs vacances en famille. Du 15 juillet au 9 août, 478 904 MRE sont sortis du Maroc pour regagner leurs pays d'accueil respectifs. C'est beaucoup plus que les 343 213 de la même date de 2009. Une fois de plus, le ramadan pourrait être à l'origine de cette différence entre les retours, sachant que l'année dernière, le jeûne a débuté le samedi 22 août. Et les raisons possibles d'un retour «chez soi» en Europe sont nombreuses et diverses, et peuvent être liées de près ou de loin au ramadan. Les vacances sont synonymes de visites de proches et amis. Or cet été, les températures élevées pendant le jeûne n'encouragent pas les déplacements dans la journée. De même, pour les habitués du climat en Europe, il n'est pas facile de jeûner, vu l'été rude de plusieurs des régions d'origine (Oriental, Tadla-Azilal, …) des MRE. Dans la même continuité, les vacances ce sont aussi les sorties à la plage en famille. Mais beaucoup de MRE respectent le fait que le maillot de bain ne rime pas (forcement) avec le carême. Sur un autre plan plus personnel, les 30 jours du jeûne se préparent, le plus souvent chez soi et non dans des appartements de vacances ou chez les grands parents par exemple. Les préjugés selon lesquels le ramadan est un «mois mort» au Maroc, les problèmes de mœurs, les tensions au quotidien, les comportements sur les routes, … sont de nature à décourager les MRE à passer le ramadan au Maroc. Concernant le marketing touristique, il y a une insuffisance voire une absence d'offres package pour faire par exemple un séjour au Maroc pendant le ramadan. Une offre qui pourrait comprendre le voyage, hôtel avec ftour et activités culturelles pendant la soirée. Donc pas non plus d'efforts sur le plan touristique pour retenir les MRE pendant le ramadan. Ainsi dire que le ramadan attirera beaucoup de MRE comme le stipulait leur ministre de tutelle Mohamed Ameur, ou encore Abdellah Boussouf, secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine résident à l'Etranger (CCME), est complètement erroné.