En l'espace de quatre jours, Abdelilah Benkirane est revenu à deux reprises sur la crise des relations maroco-algériennes. Après avoir abordé la question dans une interview accordée au quotidien saoudien Achark Awsat, le voilà qu'il récidive avec des déclarations à une agence de presse émiratie. Le chef du gouvernement s'est gardé d'entrer dans une escalade verbale avec les officiels algériens, adoptant un ton modéré où l'allusion l'a largement emporté sur le langage direct. Pour le chef du gouvernement, «les frères en Algérie ont peur de la contagion de l'ouverture». C'est la réponse de Benkirane à une question de l'agence de presse émiratie «Erem News». Le PJDiste sur un ton très modéré qui tranche avec celui de Salaheddine Mezouar. En effet, le ministre des Affaires étrangères avait exprimé, avec fermeté, le mécontentement du royaume lors de l'incident du samedi 18 octobre, des balles tirées par un soldat algérien. Abdelilah Benkirane a quant à lui relativisé et assuré qu'en dépit de la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays depuis 1994, «des Algériens visitent continuellement le royaume». En effet, les statistiques émanant du voisin de l'Est les estiment entre 90 et 100 mille par an. Ce qui constitue, d'ailleurs, une importante entrée de devises pour le Maroc. Les touristes prennent connaissance des avancées du Maroc Outre cet avantage, Benkirane explique que le voyage au royaume permet aux ressortissants algériens de se «constituer une opinion réaliste sur les évolutions que connait notre pays». Une allusion aux messages hostiles du pouvoir en place, fortement relayés par les médias sur la situation intérieure marocaine. Le chef de l'exécutif a, par ailleurs, estimé que la fermeture des frontières terrestres est «totalement contraire à l'objectif de l'intégration maghrébine» qui, selon lui, demeure «un choix stratégique pour les pays de la région». Benkirane a enchainé en émettant le vœu que «la sagesse puisse l'emporter sur des considérations passagères». Le chef du gouvernement marocain fait allusion aux fameuses trois conditions algériennes pour accepter l'ouverture des frontières terrestres. En avril 2013, l'ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères algérien avait exigé trois conditions préalables : l'arrêt de la campagne médiatique contre son pays ; une coopération réelle contre l'infiltration massive de drogues et admettre l'engagement algérien en faveur du Polisario sur la question du Sahara occidental.