La justice espagnole continue d'instruire des cas de prétendus génocides au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, même si le parlement local en a décidé autrement. Hier, un magistrat a auditionné des polisariens présentés comme des «témoins» de l'affaire du charnier découvert il y a une année. Explications. Septembre 2013, une équipe de chercheurs basques découvraient une fosse commune, datant de 1976, dans une partie sous contrôle du Polisario. Le lundi 6 octobre 2014, la justice espagnole a auditionné des «témoins» de l'assassinat de huit Sahraouis imputé à l'armée marocaine. Alors que la plainte déposée par l'Association pour les droits de l'Homme en Espagne portait essentiellement sur la découverte du charnier, les médias locaux ont, en chœur, accordé une attention très particulière aux déclarations d'un «témoin» qui affirme avoir assisté, en 1986, à l' «exécution» de Sahraouis. Belle opération de communication en faveur du Polisario Cet homme, âgé aujourd'hui de 42 ans, Abba Ali Said Daf, était le héros de la journée d'hier. Son nom est à la une de toutes les articles consacrés à l'audition des témoins de l'affaire de la fosse commune. Ses déclarations, au sortir du tribunal de l'Audience Nationale de Madrid, sur l' «extermination de son peuple» ont été largement relayées par la presse. Le comble dans cette histoire, c'est qu'il y a une année, Abba était présenté par les familles des victimes enterrées dans la fosse commune comme seul témoin survivant de l'opération de l'assassinat. A l'époque, il n'avait pourtant que 14 ans. Un témoignage qui suscite des interrogations puisque la justice espagnole enquête sur des faits remontant au 12 et 13 février 1976 et non sur de possibles meurtres commis dix ans plus tard. La justice continue d'instruire les cas de génocides au Sahara et à Tindouf Bien que la Chambre basse du parlement espagnol ait voté en février dernier, une loi mettant un terme à la justice universelle, un concept cher à l'ancien magistrat Baltazar Garzon, le juge Pablo Ruz a décidé, en avril, de poursuivre l'instruction de tous les dossiers sur de prétendus génocides commis au Sahara ou contre des Sahraouis dans les camps de Tindouf. Outre la plainte de la fosse commune, il enquête sur deux autres plaintes : la première est déposée par l'Association des portés disparus au Polisario, présidée par un ex-détenu dans les camps, Dahi Aguai, qui accuse de hauts responsables au sein du Front Polisario de torture entre 1976 et 1987. Quant à la deuxième, elle est l'œuvre de l'Association sahraouie de défense des droits de l'Homme (ASADEH) contre 28 membres de la direction du Polisario et quelques généraux algériens.