Le laboratoire Gilead, concepteur d'un médicament miracle contre l'Hépatite C -maldie qui touche 625 000 Marocains-, a fait en sorte dans un accord signé lundi 15 septembre, d'empêcher le Maroc d'importer la version générique du médicament. Détails. Depuis décembre 2013, on peut guérir de façon quasi-certaine et en 12 semaines seulement de l'Hépatite C. Une excellente nouvelle pour les 625 000 Marocains atteints par la maladie à condition qu'ils puissent avoir accès au médicament miraculeux, le Sovaldi (dont le principe actif est le sofosbuvir), conçu par le laboratoire Gilead. En France, il est vendu à 45 000 euros pour 12 semaines de traitement et les génériqueurs indiens qui ont obtenus le droit de produire et d'exporter son générique dans 91 pays, au terme d'un contrat de licence volontaire conclu le 15 septembre, ont interdiction de l'exporter au Maroc et dans 50 autres pays de bas et moyens revenus. Le laboratoire veut pouvoir y vendre son médicament directement et non le générique à bas prix. Le laboratoire pharmaceutique avait justifié le prix exorbitant de son médicament dans les pays riches, par sa volonté de proposer des prix abordables aux pays en voie de développement. Pourtant, si 91 pays auront accès à son générique, 50 autres ne pourront pas l'importer dont le Maroc. En somme, Gilead parvient par cet accord à contourner le fait qu'il n'a pas de brevet au Maroc pour y vendre tout de même son médicament phare et non le générique. Absent du marché «L'Association de lutte contre le sida (ALCS), le Collectif pour le Droit à la Santé Maroc et la Coalition internationale de Préparation aux Traitements dans la région MENA (ITPC-MENA) dénoncent fermement l'exclusion du Maroc de cette licence annoncée par le laboratoire américain Gilead», indique les 3 associations dans un communiqué rendu publique jeudi 18 septembre. Au Maroc, le Sovaldi (non générique) n'est pas encore mis sur le marché et aucun prix n'est déclaré. S'il devait être distribué dans le royaume, un accord serait conclu sur le prix entre le ministère de la Santé et Gilead. «Les infos dont nous disposons vont plutôt dans le sens que le prix le plus bas (vraiment le scenario le plus optimiste) pour un pays comme le Maroc serait environ établi à 175% du prix négocié en Egypte, soit 13 633DH pour 12 semaines», explique Othman Mellouk, coordinateur régional du plaidoyer pour l'ITPC-Mena. En somme, le nouveau traitement disponible au Maroc serait à terme plus efficace et moins lourd que le traitement actuel mais il resterait toujours aussi cher et donc inaccessible. Aujourd'hui, le traitement à base de Peg Interferon et Ribavirine dure 48 semaines, n'a une efficacité que de 50 à 75% et coûte 70 000 à 100 000DH. Avec un tel prix, «seules 2 000 personnes étaient prises en charge par le ministère de la Santé notamment par l'intermédiaire du Ramed et de l'AMO», précise le communiqué. «L'Etat n'est pas en mesure de prendre en charge plus de malades de sorte que le traitement actuel reste largement inaccessible, or avec le générique du Sofosbuvir, on aurait eu l'opportunité d'avoir à la fois un traitement plus efficace, moins lourd et moins cher donc accessible à un plus grand nombre de malades», explique Othman Mellouk. Produire les génériques au Maroc Reste une dernière possibilité pour le royaume pour bénéficier du Sofosburir sans payer le prix fort : produire les génériques au sein de sa propre industrie. «Le Maroc dispose d'une industrie pharmaceutique robuste, la 2ème en Afrique avec des standards de qualité aux normes de l'OMS et de l'UE. D'après les discussions que l'on a eu avec des industriels, les génériqueurs marocains ont tout à fait la capacité de produire non seulement pour le Maroc mais aussi pour exporter», se réjouit Othman Mellouk. Encore faut-il pouvoir acheter la matière première de ces médicaments, or «l'accord interdit également toute possibilité d'exporter la matière première hors d'Inde mis à part pour les partenaires de Gilead. Ainsi, si jamais un producteur marocain par exemple est tenté par se lancer dans la production, il lui sera très difficile de se procurer la matière première, du moins d'Inde […] Soit il faut trouver un producteur indien qui n'a pas signé l'accord de Gilead (ils sont 7), soit explorer du côté des chinois», propose le militant.