Le boîte de Sovaldi va désormais coûter 3.000 DH./DR Les 625.000 patients atteints d'hépatite virale de type C pourront bénéficier d'un nouveau médicament fabriqué au Maroc d'une efficacité élevée à partir de la mi-décembre. Les détails. «Nous avons subi plusieurs pressions politiques nationales et internationales pour nous dissuader de ne pas autoriser ce traitement sur le marché marocain», confie El Haussaine Louardi, ministre de la Santé, lors de la conférence tenue le 25 novembre à Rabat pour annoncer la mise sur le marché du générique du nouveau traitement de l'hépatite C. L'autorisation de mise sur le marché (AMM) a été obtenue le 5 novembre dernier par le laboratoire marocain Pharma 5 pour la fabrication et la commercialisation de ce traitement qui permet un taux de guérison dépassent les 90% avec moins d'effets indésirables. Les 625.000 personnes atteintes de l'hépatite C pourront avoir accès à ce traitement dans le cadre du RAMED ou de l'AMO. C'est là l'aboutissement d'un long processus démarré il y a plus de deux. La riposte de Gilead C'est la Coalition internationale pour la préparation des traitements (ITPC-MENA) qui a été la première à tirer la sonnette d'alarme face à l'exclusion du Maroc de la liste des pays pouvant bénéficier à faible coût de ce traitement développé par le laboratoire américain Gilead. C'était en décembre 2013. «Avec une large coalition internationale, un travail de longue haleine a été effectué pour démystifier le prix exorbitant du médicament exigé par le laboratoire d'origine Gilead (80.000 dollars) en comparaison avec le coût de production relativement bas (100 dollars)», rappelle Othman Mellouk, coordinateur de cette coalition pour la région MENA. Au même moment, le ministère de la Santé est sollicité par cette coalition et par différentes ONG de patients pour mettre à disposition des Marocains ce traitement dont le prix marocain a été fixé par le laboratoire américain à 800.000 DH. Le prix public de vente (PPV) fixé par la Direction du médicament et de la pharmacie au niveau du ministère de la Santé sera de 3.000 DH/boîte, et par conséquent, le coût global du traitement au Maroc sera le plus faible par rapport aux autres pays. «Le Maroc a réussi la production de ce traitement au niveau local grâce à une faille juridique. Lorsque Gilead est venu nous rencontrer au Maroc pour la première fois, les dirigeants de ce laboratoire ne pensaient pas que notre pays avait la capacité de produire ce traitement. Nous, nous avons saisi l'occasion de l'absence d'enregistrement du brevet au Maroc pour produire ce traitement», rappelle le ministre de la Santé. Du côté du laboratoire américain, la riposte ne s'est pas fait attendre. Le dépôt d'une AMM par l'intermédiaire du laboratoire Mylan, installée au Maroc, a été effectué en août dernier. Cette démarche avait inquiété Pharma 5 (Leseco.ma). Le ministre de la Santé tient à défendre l'industrie nationale. «Effectivement, nous avons reçu une demande d'AMM de la part de ce laboratoire, mais je suis pour une concurrence loyale. Si un laboratoire produit ce traitement et nous permet de créer une industrie locale avec des emplois à la clé, il est le bienvenu». Puis de tempérer son propos : «Les autres industriels internationaux qui ne sont pas producteurs au Maroc sont toujours les bienvenus au Maroc». Baisse de 31 nouveaux médicaments La mise sur le marché de ce traitement pose la question de son remboursement. Sur ce dossier, l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) se veut réactive. «Nous avons accéléré l'étude du dossier de remboursement. La commission de transparence aurait 15 jours au lieu des 90 jours habituels pour statuer sur le cas de ce traitement», annonce Jilali Hazim, directeur de l'ANAM. L'agence démarre l'étude de ce dossier aujourd'hui au sein de la Commission de l'évaluation économique et financière de l'ANAM. Le ministère de la Santé annonce la baisse aussi des prix de 31 nouveaux médicaments. «Le ministère veillera en permanence à réaliser son objectif principal pour assurer l'accès aux médicaments à tous les Marocains, en particulier les médicaments innovants au moindre coût, et ce à travers la promotion des médicaments génériques et l'encouragement de la fabrication locale», est-il indiqué. Ce département annonce la production au niveau national d'un certain nombre de médicaments onéreux utilisés dans le traitement des maladies chroniques telles que le cancer.