Le roi a consacré son discours du 20 août à l'état des lieux du modèle de développement marocain durant les quinze dernières années, se demandant «dans quelle catégorie peut-on classer l'économie nationale, par rapport à d'autres pays ? Peut-on le considérer comme un pays compétitif, ou le ranger parmi les Etats émergents ?». A l'occasion du 61ème anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, Mohamed VI a prononcé un discours considéré comme une suite de l'allocution de la Fête du trône du 30 juillet. Au niveau du style, les deux allocutions abondent, en effet, de questions. Et côté contenu, on retrouve le même souci royal d'éviter au pays de tomber dans les travers d'un développement à deux vitesses enrichissant davantage les riches et excluant «les pauvres de la dynamique de développement et exposés à plus de pauvreté et de privation». La compétitivité fait défaut à l'entreprise marocaine Le souverain a enchainé en énonçant une série de réalisations économiques prometteuses dans les secteurs de l'agriculture, la pêche et l'industrie, à même de permettre au royaume, en principe, d'accéder au rang d'économie émergente. Si le souverain a reconnu que ce «modèle de développement a atteint un niveau de maturité qui l'habilite à faire une entrée définitive et méritée dans le concert des pays émergents», il a appelé à «corriger les dysfonctionnements» de l'économie dont la compétitivité sur les marchés internationaux reste encore faible. Une contre-performance que Mohamed VI a, d'ailleurs, attribué à «l'éparpillement et de la faiblesse du tissu industriel et de la concurrence du secteur informel». Une situation qui requiert, souligne le roi, «la mise en place de groupes forts et d'entreprises puissantes permettant de renforcer la résilience de l'économie nationale, tant pour faire face à la concurrence internationale que pour tisser des partenariats avec les petites entreprises à même de favoriser le développement au niveau national». Un diagnostic, apparemment, annonciateur de fusions prochaines d'entreprises marocaines pour en faire des champions nationaux. Hommage aux précédents gouvernements et aux syndicats Comme lors du discours du trône de 2013, le monarque a réitéré ses remerciements aux précédents gouvernements. «Nous saluons les gouvernements qui se sont succédés jusqu'à présent pour le patriotisme sincère et le sens élevé des responsabilités dont ils ont fait preuve dans la gestion des affaires du pays». Une position qui égratigne l'équipe gouvernementale Benkirane I qui imputait le retard dans la réalisation de progrès au poids de l'héritage du gouvernement précédent. En dépit de cette petite divergence de vue, le roi, anticipant une rentrée sociale qui s'annonce difficile pour l'exécutif, n'a pas tari d'éloges sur l'action des syndicats «dans la consolidation de la paix sociale comprise au sens large, sans pour autant renoncer à leurs principes constants, en s'attelant à défendre les droits et les intérêts sociaux et économiques de la classe ouvrière». Un message destiné aux centrales et au gouvernement Benkirane afin de trouver des compromis sur les dossiers brûlants comme c'est le cas de la réforme des caisses de retraites.