Largement inconnus au Maroc mais se produisant avec de très grands artistes à l'international, Bachir Attar et les maâlems de Jajouka sortent un nouvel album, «The Source». Ils perpétuent ainsi une tradition musicale millénaire. Aujourd'hui, ces musiciens originaires du village de Jajouka dans le Rif sont connus dans le monde entier sous le nom anglais «The Master Musicians of Jajouka, led by Bachir Attar». Ils ont joué avec les grands du jazz et du rock des 40 dernières années, depuis que le père de l'actuel leader du groupe, Hadj Abdessalem Atta, a joué avec Brian Jones, chanteur des Rolling Stones, en 1968. Durant ces années, les différentes collaborations ont fait preuve de l'ouverture du groupe sur différents styles musicaux, allant du free jazz d'Ornette Coleman à l'électro aux influences indiennes de Talvin Singh en passant par le rock des Rolling Stones et le funk de Maceo Parker. Et ce travail est reconnu. Leur dernier album, Jajouka Live Vol. 1, a été classé meilleur album 2009 dans la catégorie «mondial» par la revue musicale britannique The Wire. Selon la African Music Encyclopedia, Mick Jagger estimait que le groupe était «l'un des groupes les plus inspirant sur le plan de la musique dans le monde». Cette inspiration ne date cependant pas des années 60, mais de beaucoup plus loin. Avant d'être «découverts» par Brian Jones, la musique de Jajouka a été jouée pendant des siècles à la Cour des sultans par différentes troupes de maâlems provenant du village. Leur renommée pourrait avoir percée vers le 14ème siècle déjà. Mais les origines vont plus loin, la tradition musicale du village rifain de Jajouka est plus que millénaire. Selon le site internet du groupe, certains spécialistes estiment que la musique de Jajouka existe depuis 1300 ans, mais les premières traces écrites dateraient de plus tard. Elles se trouvent dans les récits d'Ibn Khaldun de 1377. Depuis, cette tradition musicale complexe a été transférée de père en fils, avec comme principal gardien la famille Atta, présente au village depuis ses débuts. Seuls les meilleurs musiciens de chaque génération peuvent obtenir le statut de maâlem. Les instruments qu'utilisent les musiciens de Jajouka sont la ghaîta (le hautbois arabe), la kamanja (un violon), la nire (une flûte de bambou), le gimbri (luth à trois cordes), ainsi que, côté percussions, le double tambour marocain, la darbouka et le bendir. Contrairement à la reconnaissance obtenue au niveau international – plusieurs films ont même été tourné à Jajouka –, la musique de Jajouka est tombée dans les oubliettes de la scène musicale locale. Peut-être qu'avec leur nouvel album, The Source, prévu de sortir ce vendredi, 9 juillet, le groupe pourra-t-il renouer avec le public marocain? Comme l'indique son nom, l'album va littéralement à la source de la musique de Jajouka, sans artifices ni fusions avec d'autres genres. Un morceau retrace, musicalement, la fuite du prophète Mohamed de la Mecque à Médine. Un autre reprend la musique thérapeutique jouée les vendredis à la tombe du Saint Sidi Ahmed Cheikh, figure de l'islamisation du Maghreb vers l'an 800. Et il ne manque pas non plus une chansons dédiée à Boujeloud, personnage pré-islamique qui aurait été le premier à apprendre aux villageois la musique. La véritable source de la musique des maîtres de Jajouka. Jajouka sur Yabiladi radio Maroc Les morceaux du nouvel album des "Master Musicians of Jajouka" sont programmé sur notre radio, dans l'émission coup de coeur, tous les jours de 18h30 à 19h00. Ils peuvent aussi être joués en spécial dédicace. Pour cela, voir la fiche artiste.