A la veille de la cérémonie de prestation de serment du président Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat de cinq ans, des médias locaux font état de l'arrestation de ressortissants marocains en Algérie, accusés de «semer la Fitna» et «vouloir changer le régime». Des interpellations qui interviennent alors que la Kabylie est en effervescence. Nouvelle vague d'arrestations dans la communauté marocaine installée en Algérie. Cette fois, l'accusation est montée d'un cran. Il ne s'agit plus de «séjour illégal» mais d' «espionnage» et d' «atteinte à la stabilité» du pays. A Annaba, 541 km à l'est de la capitale, la ville où a été assassiné l'ancien président Mohamed Boudiaf, le 29 juin 1992, la police locale a interpellé, dans la gare routière, un jeune marocain de 24 ans. Des Marocains pour tenir la caméra et uploader des vidéos sur Youtube ? Le quotidien arabophone El Bilad avance que le mis en cause aurait avoué faire partie d'un groupe chargé de diffuser des vidéos sur les sit-in de protestation du Mouvement Barakat, hostile au quatrième mandat accordé à Abdelaziz Bouteflika, les manifestations de Tizi-Ouzou et les affrontements que connaît depuis des mois la ville de Ghardaïa. Des «révélations» qui auraient, toujours selon la même source, permis l'arrestation d'un autre «complice» dans la wilaya de Tebessa. Les manifestants algériens avaient-ils besoin d'un Marocain pour filmer et télécharger les vidéos sur Youtube ? C'est la question qu'on peut se poser face à l'inconsistance de la version du journal El Bilad. Le quotidien Echourouk, un autre média au service de l'agenda du président Bouteflika, donne une autre «raison» pour expliquer cette deuxième interpellation. Selon le journal conservateur, le mis en cause aurait été pris en flagrant délit de prise de photos d'une société de phosphates. Des interpellations pour faire diversion Ces interpellations relayées par les médias locaux pourraient viser un seul et même objectif : détourner l'attention des Algériens par un autre sujet pour ne pas se concentrer sur les péripéties de la cérémonie de prestation de serment de Abdelaziz Bouteflika. Celle-ci est prévue, d'ailleurs, aujourd'hui. Un événement qui doit se dérouler en direct devant les caméras de la chaîne officielle, comme le prévoit l'article 75 de la constitution. Dans cette «épreuve», le président, la main droite sur le Coran, aura à lire un texte de quelques lignes. Pourra-t-il le faire ? sachant que le jour des présidentielles du 17 avril, il a eu besoin du soutien d'un garde du corps, rentré avec lui dans l'isoloir, pour mettre le bulletin de vote dans l'enveloppe. Du côté du Maroc, on ne réagit pas. Face à la multiplication de cas d'arrestations de ressortissants marocains en Algérie, le gouvernement Benkirane observe un silence total. Il n'a fait, jusqu'à, présent aucun commentaire alors même que de graves accusations sont portés sur les services secrets du royaume.