C'est un chiffre qui fait mal. 14 syndicalistes marocains ont été arrêtés en 2007. Au total, ils ont été 73 à être emprisonnés dans le monde. C'est ce qu'a révélé le rapport annuel de la Confédération Syndicale Internationale des violations des droits syndicaux pour l'année 2007, publié hier sur internet. L'objectif de ce rapport est de faire un état des lieux en matière de droits syndicaux dans une centaine d'états et de recenser les principales violations qui ont été commises. Ces violations qui sont le meurtre, la torture, le harcèlement, les licenciements illégaux, l'enlèvement ou l'incarcération sont les moyens les plus utilisés pour faire taire les travailleurs(euses) et les empêcher de s'organiser en syndicats et d'entreprendre des négociations collectives pour des meilleurs salaires et conditions de travail. Contrairement à certains pays d'Afrique ou d'Amérique du Sud qui reste le continent le plus dangereux pour l'activité syndicale en 2007, la Constitution marocaine garantit le droit de grève dans l'article 14 du Chapitre 1, avec toutefois certaines restrictions et ce sont ces restrictions qui sont ingénieusement utilisées par les employeurs et les autorités publiques pour contrecarrer les revendications légitimes des travailleurs. D'ailleurs, une dizaine de violations de ces droits syndicaux fondamentaux ont été énumérées et détaillées dans le rapport. Aucune région du royaume et aucun secteur que ce soit le public ou le privé ne sont à l'abri de ces violations qui ont entraîné de fortes répressions policières avec des manifestants battus et arrêtés. Toujours selon le rapport, les femmes seraient les premières victimes de ces actions de protestation et seraient très souvent en première ligne. Le secteur le plus touché est d'ailleurs celui du textile qui emploie le plus de femmes. En outre, le rapport soulève un point très intéressant. Dans un contexte de mondialisation, de crise économique et de concurrence féroce, le document explique que les entreprises marocaines sont prêtes à tout pour décrocher des parts de marché et vendre leurs produits et services à l'international, et ce en exerçant une forte pression sur les employés(es). En d'autres termes, au lieu d'améliorer les conditions des travailleurs, les employeurs mettent la pression sur le législateur pour qu'il modifie le Code du travail à leur avantage, dans le but de rendre l'industrie marocaine plus attractive et bien entendu pour attirer le maximum d'investissements. Néanmoins, dans certains pays, les syndicalistes paient de leur vie leur engagement à vouloir défendre la cause des travailleurs et des travailleuses. En 2007, il y a eu 91 syndicalistes tués dans le monde. Le record est détenu par la Colombie avec 39 assassinats. Outre la Colombie, figurent dans la liste noire, la Guinée, la Biélorussie, le Soudan, le Pakistan, le Népal et le Zimbabwe. Plus d'infos : survey08.ituc-csi.org