Le 31 mars 1905, débarquait à Tanger celui qui fut le troisième et dernier empereur allemand, mais également neuvième et dernier roi de Prusse : Guillaume II d'Allemagne. Une visite qui a amplement marqué l'histoire récente du Maroc. Flasback. Il y a plus d'un siècle l'empereur allemand Guillaume II, Friedrich Wilhelm Viktor Albrecht de son nom complet, prononçait un discours historique à Tanger en signe de soutien au Maroc. Un discours qui a provoqué ce que l'on appelle aujourd'hui la Première crise marocaine ou la Crise de Tanger, durant lesquelles les puissances européennes de l'époque se disputaient la colonisation du Maroc. C'était le 31 mars 1905. Ce jour-là, Guillaume II, bien qu'il n'ait pas d'intérêts économiques particuliers au Maroc, débarquait à l'improviste à Tanger pour déclarer son soutien au sultan Moulay Abdelaziz. En réalité, le principal objectif de son voyage visait surtout à perturber l'entente anglo-française, formée un an auparavant, en avril 1904. L'Entente cordiale Celle-ci n'était initialement pas destinée à devenir une alliance contre l'Allemagne, mais plus une sorte de règlement des «rivalités impérialistes de longue date entre la Grande-Bretagne et France», concernant l'Afrique du Nord. Selon les termes de l'Entente cordiale, comme elle avait été baptisée à l'époque, la Grande-Bretagne pouvait, en effet, continuer à superviser ses intérêts en Egypte alors que la France était libre de s'étendre vers l'ouest de l'Algérie jusqu'au Maroc. Quand la France avait signé ensuite un accord avec l'Espagne, divisant le territoire marocain en plusieurs sphères d'influence, accordées en grande partie à la France, l'Allemagne n'avait pas apprécié. Son exclusion de la prise de ces décisions ayant «irrité» Guillaume II, il décida d'agir rapidement pour faire comprendre l'opposition de son empire à ce qu'il voyait comme une menace pour l'influence de l'Allemagne sur l'Europe et le reste du monde. A cheval L'empereur allemand, également roi de Prusse, décide alors de faire le voyage à bord de son navire jusqu'au sultanat marocain. Il traverse alors «la ville [de Tanger] à cheval, à la tête d'un imposant cortège, va à la rencontre du sultan Abdelaziz pour l'assurer de son appui et lui faire part de son désaccord face aux droits concédés à la France sur le Maroc. Il est prêt à entrer en guerre si la France ne renonce pas à ses ambitions marocaines». «Impressionné par ce discours, (le sultan) décide de refuser toutes les réformes précédemment conseillées par le consul français, Lyautey». Finalement il en sera tout autrement. L'arrivée de Guillaume II à Tanger ne fera que renforcer les liens de coopération qui commençaient à se tisser entre les Français et les Britanniques. Et contrairement aux souhaits de l'Allemagne, la crise sera résolue lors de la fameuse Conférence internationale d'Algésiras, le 7 avril 1906. Cette dernière verra le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Italie donner raison à la France, au détriment de l'Allemagne.