Après différentes révélations sur le nombre d'enfants du Sultan Moulay Ismail, des chercheurs autrichiens ont entrepris de démontrer scientifiquement que le souverain aurait bien pu avoir plus de 1000 enfants au cours des 32 premières années de son règne. Détails. Combien d'enfants a eu le sultan Moulay Ismail ? Si les annales officielles indiquent qu'il a eu «plusieurs centaines d'enfants», selon le Livre Guinness des records mondiaux, il aurait eu 888 enfants. Cependant, des écrits laissés par le Père Dominique Busnot, diplomate au Maroc en 1704, 1708 et 1712 révèlent que Moulay Ismail en aurait eu bien plus. Dans le milieu scientifique, les avis divergent sur le nombre d'enfants de l'un des plus grands sultans de l'histoire du Maroc. Certains estiment impossible qu'un homme ait pu avoir autant d'enfants, prenant surtout plusieurs paramètres dont l'effet de l'âge sur le pouvoir fécondant du sperme. Il diminue en effet de 1,5% par an. Mais les détails présentés par les écrits de Dominique Busnot ont poussé à la réflexion des anthropologues autrichiens qui ont mené leur étude dont les résultats ont été publiés dans le dernier numéro de la revue scientifique Plos One. En effet le rapport de 1704 du diplomate français révèle qu'à cette époque, Moulay Ismail avait 600 enfants avec ses quatre épouses et 500 concubines. Alors âgé de 57 ans, le sultan était à sa 32ème année de règne. Mais, ces textes précisent que les filles de ses quatre épouses étaient autorisées à vivre, tandis que les filles nées de ses concubines étaient étouffées par les sages-femmes à la naissance. C'est en partie en raison de cette pratique qu'il avait été surnommé «le sanguinaire». 1171 enfants en 32 ans Sur cette base, les anthropologues estiment à 1171, le nombre d'enfants qu'aurait engendré Moulay Ismail pendant 32 premières années de règne (1672 – 1704). «Nous avons été aussi conservateurs que possible dans nos calculs et Moulay Ismail pouvait encore atteindre ce résultat», a indiqué au site Live Science Elisabeth Oberzaucher, anthropologue à l'Université de Vienne et auteur principal de l'étude. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont pris en compte des données comportementales pour évaluer le taux de conception, notamment la plus grande attirance physique des femmes pendant leur période d'ovulation, la plus propice à la fécondation au cours du cycle menstruel. Ils ont également considéré les autres paramètres susceptibles de réduire le nombre d'enfants qu'aurait pu engendrer le souverain : l'abstinence pendant les cinq jours correspondant aux règles, les fausses couches, la mortalité infantile et l'effet de l'âge sur le pouvoir fécondant du sperme. Ils ont également estimé à 18 mois la période pendant laquelle la femme enceinte restait hors du harem, correspondant à la durée de la grossesse et de l'allaitement. Plusieurs modèles ont été utilisés. Dans un premier cas de figure, les chercheurs ont découvert qu'en ayant 0,83 à 2,3 rapports sexuels par jour, Moulay Ismail aurait bien pu engendrer 1171 enfants en 32 ans. Selon d'autres modèles, un seul rapport aurait suffi pour que le souverain ait une progéniture aussi importante. Mais en considérant la qualité du sperme en fonction de l'âge, le fait que l'acte sexuel coïncide avec la période d'ovulation, devenait important, pour atteindre les 1171 enfants. Par contre, une autre simulation, montrait qu'il était impossible d'atteindre ce nombre avec un seul rapport sexuel par jour. Un nombre qui pourrait être encore plus élevé Selon Elisabeth Oberzaucher, les modèles utilisés donnent des résultats assez différents les uns des autres. Raison pour laquelle, «il est important de choisir le bon modèle pour l'étude de la reproduction», a-t-elle dit. Mais d'après elle, le nombre d'enfants du sultan aurait pu être encore plus important, vu qu'il a régné jusqu'en 1727, alors que les écrits du diplomate Busnot datent de 1704. Depuis les sorties médiatiques, notamment celle du Guinness Book, sur le nombre d'enfants du sultan Moulay Ismail, le débat continue en milieu scientifique sur la possibilité pour ce souverain d'avoir eu autant d'enfants. Avec leur étude, les chercheurs autrichiens espèrent avoir contribué à faire avancer la question.