La colère de Rabat contre Paris est appelée à s'installer dans la durée. L'ambassadeur de France aux Etats-Unis, lors d'une discussion à Washington avec l'acteur espagnol Javier Bardem, grand défenseur du Polisario, aurait égaré sa retenue diplomatique et traité le Maroc de «maîtresse». Le gouvernement Benkirane exige de la France plus qu'un démenti. Alors que la page de l'affaire de la plainte contre le patron de la DGST n'est pas encore close, voilà que des propos insultants contre le Maroc attribués à l'ambassadeur de France à Washington jettent davantage d'huile sur le feu. Le diplomate aurait qualifié le Maroc de «maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre», indique un communiqué, publié hier soir, par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. La main de Javier Bardem C'est l'acteur espagnol, Javier Bardem, grand partisan des amis de Mohamed Abdelaziz, qui a révélé les présumées déclarations du diplomate français au quotidien Le Monde, le 20 février 2014. Bardem en compagnie de Kerry Kennedy étaient au milieu de la semaine dernière à Paris pour la présentation de son film sur le Polisario. Le texte du département de Mustapha El Khalfi affirme que «le gouvernement du Royaume du Maroc déplore profondément les mots blessants et les expressions humiliantes». Il qualifie ces propos de «scandaleux et inadmissibles» alors «que le gouvernement du Royaume du Maroc ne cesse d'œuvrer pour le renforcement des relations bilatérales, sur la base de l'amitié sincère, du respect réciproque et du partenariat mutuellement bénéfique». Rabat veut plus qu'un démenti Compte tenu de la gravité des déclarations attribuées à l'ambassadeur de Paris à Washington, l'équipe Benkirane s'est dite persuadée que «la France saura réparer le mal qui a été causé par ces propos, qui ont blessé l'ensemble des marocains et marocaines», précise le communiqué. «La France saura trouver la manière la plus adéquate, au-delà du simple démenti du porte-parole du ministère des Affaires étrangères français sans réaction du diplomate concerné, pour lever le tort subi par ces propos, et ce qu'ils lui aient été fallacieusement attribués ou effectivement prononcés», conclut le texte de l'équipe Benkirane. La nouveauté dans cette réaction marocaine, c'est qu'elle porte le sceau du gouvernement et non celui du ministère des Affaires étrangères. D'habitude sur les dossiers internationaux, le cabinet dirigé par le secrétaire général du PJD s'efface et laisse le soin à la diplomatie de jouer les premiers rôles. La récente convocation de l'ambassadeur algérien au Maroc sur le dossier des réfugiés syriens ou la fameuse «note verbale» adressé par M. Belkzize aux autorités algériennes sur l'incident des tirs de l'armée algérienne sur un poste de surveillance à Figuig sont des preuves éloquentes de cette approche.